Une journaliste interpellée en marge d'une manifestation estudiantine

Fatine Al-Hamdi, journaliste de la station privée Radio Kalima, a été détenue pendant quatre heures par la police, le 24 novembre 2008, après avoir été brutalement interpellée en couvrant une manifestation d'étudiants. Tirée par les cheveux et frappée à l'aide d'un bâton, elle a été emmenée au poste de police de Sidi Bachir pour y être longuement interrogée "Les collaborateurs des rares médias indépendants existant en Tunisie, tels que Kalima et la chaîne de télévision Al-Hiwar Attounsi, sont étroitement surveillés et régulièrement empêchés de couvrir l'actualité. Cet incident est de mauvais augure pour le lancement de Radio Kalima, prévu dans quelques semaines. Le paysage médiatique tunisien ne peut se suffire des journaux d'Etat et des publications privées liées au pouvoir, qui se gardent bien de couvrir les mouvements de contestation dans le pays", a affirmé Reporters sans frontières. Fatine Al-Hamdi a été interpellée devant l'Institut préparatoire aux études littéraires et de Sciences humaines à Tunis, avant de pouvoir approcher les manifestants. Des policiers ont cassé sa caméra et saisi son magnétophone. Elle a été longuement interrogée sur ses activités au sein de Radio Kalima, ainsi que sur les membres de la rédaction. La journaliste a confié à Reporters sans frontières avoir subi des pressions pour collaborer avec les forces de police. "Ils m'ont proposée de travailler pour eux, en leur faisant parvenir des informations sur les sujets qui allaient être traités par la radio", a-t-elle expliqué. L'Observatoire pour la liberté de presse, d'édition et de création en Tunisie (OLPEC), organisation partenaire de Reporters sans frontières, a dénoncé dans un communiqué "l'acharnement des autorités tunisiennes à l'encontre des journalistes et des défenseurs des droits de l'homme". L'OLPEC a appelé les autorités tunisiennes à "cesser ces pratiques, alors que le pays s'apprête à commémorer le 60e anniversaire de la Déclaration des droits de l'homme". Le lancement de Radio Kalima est prévu au mois de décembre 2008. Une équipe de jeunes journalistes a rejoint les rangs des collaborateurs du webmagazine Kalima, pour diffuser sur Internet et via satellite des programmes d'informations indépendants. La Tunisie occupe la 143e place, sur 173, dans le classement mondial de la liberté de la presse, publié par Reporters sans frontières le 22 octobre 2008.
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Updated on 20.01.2016