Howayda Taha, journaliste de la chaîne satellitaire Al-Jazira, a été inculpée, le 27 janvier 2007, d'”atteinte à l'intérêt national” après avoir enquêté sur les mauvais traitements imputés à la police égyptienne.
Howayda Taha, journaliste de la chaîne satellitaire Al-Jazira, a été inculpée d'“atteinte à l'intérêt national”, le 27 janvier 2007, après avoir enquêté sur des cas de torture policière en Egypte. Elle avait été interpellée à l'aéroport du Caire, deux semaines plus tôt, puis placée en garde à vue pendant 24 heures alors qu'elle s'apprêtait à se rendre au siège de la chaîne au Qatar. La journaliste a été inculpée suite au visionnage par le procureur des images de reconstitution des séances de torture qu'elle avait réalisées, en se basant sur des témoignages de victimes d'abus de la police.
“Nous sommes vivement préoccupés par le nombre élevé de professionnels de l'information et de blogueurs qui se sont succédés dernièrement devant les tribunaux égyptiens. Howayda Taha, parmi tant d'autres journalistes, paie le prix fort pour avoir dénoncé des pratiques abusives du pouvoir qui ne se défait pas de ses vieux réflexes autoritaires”, a déclaré Reporters sans frontières.
Le procureur de la Haute Cour de sûreté de l'Etat, Hicham Badaoui, a mis en examen Howayda Taha dans le cadre d'une information judiciaire ouverte le 13 janvier 2007. La journaliste avait précédemment été interpellée, le 8 janvier, à l'aéroport du Caire, où 50 enregistrements vidéo et son ordinateur portable lui avaient été confisqués.
Une semaine plus tard, elle avait été soumise à plusieurs interrogatoires, puis inculpée d'“atteinte à l'intérêt national” et de “fabrication d'images portant préjudice à la réputation du pays”. La journaliste avait été libérée, le 14 janvier, après avoir passé une nuit en prison et payé une caution de 10 000 livres (soit 1360 euros).
Howayda Taha réalisait un documentaire sur les mauvais traitements imputés à la police égyptienne. Contacté par Reporters sans frontières, Hussain Abdel-Ghani, directeur du bureau d'Al-Jazira au Caire, a affirmé que la chaîne avait préalablement obtenu toutes les autorisations nécessaires auprès du ministère de l'Intérieur. Howayda Taha avait ainsi pu interviewer de hauts responsables de la sécurité interne et participer à des séminaires de formation de la police dans le cadre de la préparation de son reportage.
La date du procès n'a pas encore été fixée. La journaliste risque jusqu'à trois ans de prison.