Une journaliste condamnée à dix-sept ans de prison, une autre à sept ans
Organisation :
Reporters sans frontières est choquée par l'entêtement et la cruauté de la justice rwandaise qui vient de prononcer de très lourdes peines de prison à l'encontre d'Agnès Uwimana Nkusi, directrice du bimensuel privé Umurabyo, et l'une de ses journalistes, Saidath Mukakibibi.
Le 4 février 2011, vers 16 heures, la Haute Cour de la République a jugé les deux femmes coupables "d'incitation à la désobéissance civile", de "divisionnisme", et de "négation du génocide". La première écope de dix-sept ans de réclusion, la seconde de sept ans.
Interrogé par Reporters sans frontières, l'avocat d'Agnès Uwimana s'est dit très déçu par ce verdict et a annoncé sa décision d'interjeter appel devant la Cour Suprême. "La Haute Cour a exagéré. Elle n'a pas pris en compte nos demandes. Nous disons qu'au niveau pénal, la justice ne dispose d'aucune preuve tangible de leur culpabilité. Cette affaire devrait être jugée au niveau disciplinaire, par le Haut conseil de la presse. Ces deux journalistes devraient être libérées. Au lieu de ça, elles écopent de peines très lourdes", a-t-il déclaré.
En janvier, la justice rwandaise avait requis trente-trois et douze ans de prison contre les deux femmes, toutes deux détenues depuis le 8 juillet 2010.
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06-01-2011- Trente-trois et douze ans de prison requis contre deux femmes journalistes
Reporters sans frontières est extrêmement choquée par la lourdeur des peines requises par la justice rwandaise contre la directrice du bimensuel privé Umurabyo, Agnès Uwimana Nkusi (photo), et l'une de ses employées, Saidath Mukakibibi. Accusées d'avoir publié des articles incitant au "révisionnisme" et au "trouble à l'ordre public", les deux journalistes encourent respectivement trente-trois ans et douze ans de prison. Le verdict définitif sera rendu le 4 février prochain.
"Après une année électorale 2010 éprouvante pour les médias indépendants, ce réquisitoire montre que le gouvernement n'est guidé par aucune volonté de changement. Quiconque émet librement son opinion ou se montre critique vis-à-vis des autorités risque non seulement d'être arrêté mais très sévèrement puni", a déclaré Reporters sans frontières. "Nous demandons à la justice rwandaise de revenir sur une telle condamnation et au gouvernement de Kigali de cesser de s'appuyer sur des lois comme celle sur 'l'idéologie du génocide' afin de réprimer la libre expression des opinions. Les infractions de diffamation ou d'outrage au chef de l'Etat sont trop souvent élevées au niveau de 'révisionnisme' et de 'trouble à l'ordre public'", a poursuivi l'organisation. L'avocat d’Agnès Uwimana Nkusi affirme que l’état de santé de sa cliente, séropositive, est incompatible avec un séjour prolongé en prison. Les deux femmes ont comparu devant la Haute Cour de la République, le 5 janvier 2011, soit six mois après leur arrestation et leur incarcération supposée "provisoire". Le représentant du procureur, Augustin Nkusi, a déclaré que "les articles montrent clairement l’intention des deux journalistes de monter les citoyens contre un gouvernement démocratiquement élu. Leurs propos ne laissent aucun doute quant à leur volonté, comme l’atteste le fait qu’elles n’aient jamais pris la peine de confronter les deux parties de l’histoire. L’article 12 de la loi sur les médias stipule que les journalistes, bien que disposant de la liberté d’expression, ne sont pas au-dessus des lois". A l’issue de la comparution des deux journalistes, la justice rwandaise a requis une peine de 33 ans de prison et une amende de 800 000 francs rwandais (soit environ 1028 euros) contre Agnès Uwimana Nkusi, et 12 ans de prison et 200 000 francs rwandais d’amende (soit 257 euros) contre Saidath Mukakibibi. Agnès Uwimana Nkusi et Saidath Mukakibibi avaient été arrêtées le 8 juillet 2010 et placées en détention provisoire pour "incitation à la désobéissance civile", "outrage au chef de l’Etat", "propagation de fausses rumeurs" et "négation du génocide des Tutsis". Plus d'informations La directrice d’Umurabyo avait déjà eu des démêlés avec la justice. En 2007, elle avait été condamnée à deux ans de prison pour les mêmes motifs et avait purgé sa peine avant de reprendre ses activités. Le Haut conseil des médias (HCM), organe étatique de régulation de la presse, l’avait mise en garde à plusieurs reprises, en 2010, avant sa dernière arrestation. Bien que plaidant non coupable, Agnès Uwimana reconnaît avoir commis des erreurs dans ses articles et manqué de professionnalisme. Le Rwanda se situe à la 169e place, sur 178 pays, dans le classement mondial 2010 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières. Il est, après l'Erythrée et le Soudan, le troisième pays africain le moins bien placé. Depuis plusieurs années, le chef de l'Etat, Paul Kagame, figure dans la liste des prédateurs de la liberté de la presse dressée chaque année par l'organisation . Photo : Agnès Uwimana Nkusi
"Après une année électorale 2010 éprouvante pour les médias indépendants, ce réquisitoire montre que le gouvernement n'est guidé par aucune volonté de changement. Quiconque émet librement son opinion ou se montre critique vis-à-vis des autorités risque non seulement d'être arrêté mais très sévèrement puni", a déclaré Reporters sans frontières. "Nous demandons à la justice rwandaise de revenir sur une telle condamnation et au gouvernement de Kigali de cesser de s'appuyer sur des lois comme celle sur 'l'idéologie du génocide' afin de réprimer la libre expression des opinions. Les infractions de diffamation ou d'outrage au chef de l'Etat sont trop souvent élevées au niveau de 'révisionnisme' et de 'trouble à l'ordre public'", a poursuivi l'organisation. L'avocat d’Agnès Uwimana Nkusi affirme que l’état de santé de sa cliente, séropositive, est incompatible avec un séjour prolongé en prison. Les deux femmes ont comparu devant la Haute Cour de la République, le 5 janvier 2011, soit six mois après leur arrestation et leur incarcération supposée "provisoire". Le représentant du procureur, Augustin Nkusi, a déclaré que "les articles montrent clairement l’intention des deux journalistes de monter les citoyens contre un gouvernement démocratiquement élu. Leurs propos ne laissent aucun doute quant à leur volonté, comme l’atteste le fait qu’elles n’aient jamais pris la peine de confronter les deux parties de l’histoire. L’article 12 de la loi sur les médias stipule que les journalistes, bien que disposant de la liberté d’expression, ne sont pas au-dessus des lois". A l’issue de la comparution des deux journalistes, la justice rwandaise a requis une peine de 33 ans de prison et une amende de 800 000 francs rwandais (soit environ 1028 euros) contre Agnès Uwimana Nkusi, et 12 ans de prison et 200 000 francs rwandais d’amende (soit 257 euros) contre Saidath Mukakibibi. Agnès Uwimana Nkusi et Saidath Mukakibibi avaient été arrêtées le 8 juillet 2010 et placées en détention provisoire pour "incitation à la désobéissance civile", "outrage au chef de l’Etat", "propagation de fausses rumeurs" et "négation du génocide des Tutsis". Plus d'informations La directrice d’Umurabyo avait déjà eu des démêlés avec la justice. En 2007, elle avait été condamnée à deux ans de prison pour les mêmes motifs et avait purgé sa peine avant de reprendre ses activités. Le Haut conseil des médias (HCM), organe étatique de régulation de la presse, l’avait mise en garde à plusieurs reprises, en 2010, avant sa dernière arrestation. Bien que plaidant non coupable, Agnès Uwimana reconnaît avoir commis des erreurs dans ses articles et manqué de professionnalisme. Le Rwanda se situe à la 169e place, sur 178 pays, dans le classement mondial 2010 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières. Il est, après l'Erythrée et le Soudan, le troisième pays africain le moins bien placé. Depuis plusieurs années, le chef de l'Etat, Paul Kagame, figure dans la liste des prédateurs de la liberté de la presse dressée chaque année par l'organisation . Photo : Agnès Uwimana Nkusi
Publié le
Updated on
20.01.2016