Une chaîne de télévision privée suspendue sur ordre du ministre de la communication

Reporters sans frontières demande aux autorités camerounaises de fournir des explications sur la suspension, le 21 février 2008, de la chaîne de télévision privée Equinoxe TV, émettant à Douala (Sud-Ouest). Le ministre de la Communication, Emmanuel Béyiyi Bi Essam, a indiqué que la chaîne ne s'était pas acquittée de la caution de 100 millions de francs CFA (environ 150 000 euros) qui conditionne l'obtention d'une licence d'exploitation. "Depuis la libéralisation du secteur audiovisuel survenue en 2005, aucune chaîne de télévision ou station de radio n'a encore rempli toutes les formalités imposées par le gouvernement. Celui-ci ne dit rien quand ça l'arrange. Mais l'invocation de raisons financières pour justifier la suspension d'Equinoxe TV apparaît comme un prétexte pour gêner un média opposé à la décision du pouvoir de réformer la Constitution. Nous appelons les autorités camerounaises à lever cette sanction, afin que le débat démocratique soit maintenu dans le pays", a déclaré l'organisation. Le 21 février 2008, à 13 heures, un arrêté du ministre de la Communication, Emmanuel Béyiyi Bi Essam, a ordonné la suspension d'Equinoxe TV, au motif que Séverin Tchounkeu, le propriétaire de la chaîne, n'avait pas payé la caution de 100 millions de francs CFA qui conditionne l'obtention d'une licence d'exploitation. La télévision exercerait donc dans l'illégalité. A 16 heures 15, les scellés ont été apposés sur la principale entrée de la télévision par le commissaire de Bonandjo, accompagné de son homologue du Groupement mobile d'intervention (GMI). Cette mesure survient après la diffusion, quelques jours plus tôt sur Equinoxe TV, d'un débat autour d'une modification de la Constitution qui annulerait la clause de limitation du nombre de mandats du président de la République. La chaîne, qui a toujours pris position contre cette modification, avait déjà reçu, de la part des autorités administratives de Douala et de Yaoundé, des remontrances et des menaces. Contacté par le correspondant de Reporters sans frontières au Cameroun, Séverin Tchounkeu a déclaré qu'il espérait que "les autorités (reviendraient) très vite à de meilleurs sentiments".
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Updated on 20.01.2016