Une blogueuse saoudienne arrêtée pour ses écrits sur les droits des femmes

La célèbre blogueuse Eman al Nafjan est détenue depuis plusieurs jours dans un lieu secret en Arabie saoudite.  Soupçonnée de nuire à “la sécurité et la stabilité” du royaume et d’avoir eu des “contacts suspects avec des entités étrangères”, elle n’a toujours pas pu avoir accès à un avocat. Reporters sans frontières (RSF) demande sa libération immédiate.

La fondatrice du blog Saudi woman Eman al Nafjan a été arrêtée il y a plusieurs jours dans le cadre d’une nouvelle campagne de répression visant les militants des droits des femmes en Arabie saoudite. Célèbre pour ses écrits sur la politique saoudienne, les défenseurs des droits humains, ou encore ses positions contre le système de tutelle en vigueur dans le pays ou en faveur du droit des femmes à conduire, la blogueuse est considérée comme une “traîtresse”’, selon le quotidien saoudien Okaz.


Selon le Gulf Center for Human rights (GCHR), Eman al Nafjan a été arrêtée le 17 mai dernier. De leur côté, les autorités ont attendu plusieurs jours avant de laisser filtrer des informations sur cette dernière vague d’arrestations. Dans une déclaration officielle, les services de sécurité ont fini par indiquer que plusieurs personnes avaient été arrêtées et étaient interrogées car soupçonnées d’avoir eu des “contacts suspects avec des entités étrangères” et de nuire à “la sécurité et la stabilité” du royaume.Selon l’agence AP, Eman al Nafjan et au moins six autres femmes et trois hommes sont actuellement détenus dans un lieu gardé secret et n’ont pas eu accès à un avocat.


“Reporters sans frontières dénonce l’hypocrisie et le double langage des autorités saoudiennes, qui assurent libéraliser le pays, tout en étouffant toutes les voix critiques en les emprisonnant ou en les forçant à l’exil. Eman al Nafjan et les autres défenseurs des droits des femmes n’ont rien à faire en détention, ils doivent être libéré au plus vite.”


Le droit des femmes à conduire, qui doit être effectif le 24 juin prochain, était l’un des changements sociaux réclamés par les militants qui ont été arrêtés. Au moment où les autorités ont annoncé qu’elles autorisaient ce droit , les journalistes ont constaté que les militants saoudiens pro-conduite des femmes avaient reçu l’ordre de se taire et de ne pas commenter la nouvelle. Le système de tutelle reste plus que jamais d’actualité en Arabie saoudite.


Comme l’a révélé un récent rapport de RSF, intitulé Droits des femmes: enquêtes interdites, enquêter et écrire sur les questions liées au droit des femmes n’est pas sans risque pour les journalistes. Entre 2012 et 2017, RSF a recensé près de 90 cas graves de violations des droits des journalistes répartis sur une vingtaine de pays.


Au moins 11 journalistes et journalistes-citoyens sont officiellement emprisonnés en Arabie saoudite, ce à quoi s’ajoute une quinzaine de journalistes, professionnels ou non, détenus sans annonce officielle. Le pays figure à la 169ème place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2018.

Publié le
Updated on 24.05.2018