Une avalanche de poursuites s’abat sur la presse
Organisation :
Reporters sans frontières s’inquiète de la multiplication des poursuites judiciaires à l’encontre des journalistes pour des affaires de « diffamation ». Le 11 mai 2009, Nedjar El Hadj Daoud, directeur du journal Al Waha de Ghardaïa, a été condamné à six mois de prison. Les journaux Al Watan et El Khabar sont également visés par les plaintes.
« Nedjar El Hadj Daoud est victime d’un harcèlement judiciaire constant depuis des années. Nous appelons à l’annulation des poursuites engagées contre ce journaliste et nous réitérons notre appel aux autorités algériennes pour qu’elles dépénalisent les délits de presse », a déclaré l’organisation.
La cour de Ghardaïa (467 km au sud d’Alger) a condamné, le 11 mai, Nedjar El Hadj Daoud, directeur du journal régional Al Waha, à six mois de prison ferme, confirmant ainsi les précédents jugements de 2007 et 2008. Cette condamnation fait suite à la publication d’un article, le 21 mai 2006, mettant en cause l’ancien directeur de cabinet de la présidence, Larbi Belkheir, et le directeur de la Santé de la wilaya. Le journaliste va se pourvoir en cassation.
Poursuivi dans plus de vingt affaires devant le tribunal de Ghardaïa, Nedjar El Hadj Daoud est l’objet d’un harcèlement judiciaire incessant. Le 2 mars 2009, il avait été arrêté après avoir été condamné à six mois de prison ferme pour “diffamation“, dans le cadre d’une affaire qui remonte à 2005. Il avait été libéré le 4 mars pour raisons médicales. Créé en 1990, le journal Al Waha, unique journal d’information paraissant au sud du pays, a cessé de paraître en 2006 suite à de nombreuses pressions. (Lire notre communiqué du 4 mars 2009)
Dans une autre affaire, le correspondant d’El Khabar à Bouira (Haute Kabylie), Ahcène Guettaf, doit faire face à une procédure judiciaire, également pour une affaire de diffamation. Le 11 mai 2009, le représentant du ministère public du tribunal de Lakhdaria (wiliya de Bouira) a requis trois mois de prison ferme.
Le 10 mai, Omar Belhouchet, directeur de publication d’El Watan, a été à nouveau inquiété par la justice dans une affaire de « diffamation », suite à des plaintes d’Air Algérie. Le procureur général du tribunal de Sidi M’hamed près la cour d’Alger a requis le versement d’une amende de 50 000 dinars algériens (soit 510 euros) à son encontre, suite à deux plaintes déposées, en 2005, par l’ancien PDG d’Air Algérie, feu Tayeb Benouis. Dans un article intitulé « Augmentation des prix des billets d’avion : comme une ambiance de fin de règne... » paru le 28 février 2005 dans le supplément « Economie » du journal, le journaliste n’avait fait que reprendre les propos du secrétaire général du syndicat de la compagnie aérienne sur la situation économique d’Air Algérie. Au lieu de poursuivre le responsable syndical, la compagnie avait préféré poursuivre le journal. Le second article incriminé a été publié dans la rubrique « L’Epoque » sous le titre « Benouis annule sa réception ». Le jugement n’a pas encore été rendu.
Selon le Groupe de travail sur la liberté d’expression en Afrique du Nord « WGFENA », Nouri Benzenine, ancien correspondant d’Echourouk El Youmi dans l’ouest du pays, a été condamné à deux mois de prison ferme et 50 000 dinars d’amende (soir 510 euros) pour « diffamation » par le tribunal de Maghnia (près de la frontière marocaine), suite à un reportage sur le trafic de carburants dans cette zone, publié en mars 2007. Le sénateur de la province avait porté plainte en 2007, alors même qu’il n’était pas nommément cité dans l’article. Nouri Benzenine déclare ne pas avoir été informé de la tenue du procès.
Publié le
Updated on
20.01.2016