Reporters sans frontières demande aux quatre candidats à l'élection présidentielle du 24 avril au Togo d'appeler publiquement leurs partisans à ne pas s'en prendre aux journalistes, après qu'une équipe de la chaîne de télévision publique TVT a été violemment agressée lors d'une manifestation de l'Union des forces du changement (UFC, opposition).
Reporters sans frontières demande aux quatre candidats à l'élection présidentielle du 24 avril au Togo d'appeler publiquement leurs partisans à ne pas s'en prendre aux journalistes, après qu'une équipe de la chaîne de télévision publique TVT a été violemment agressée lors d'une manifestation de l'Union des forces du changement (UFC, opposition).
« La violence dirigée contre l'équipe de la TVT est d'autant plus inquiétante qu'elle s'inscrit dans une série de menaces contre des journalistes accusés d'être partisans, dans un contexte politique d'une extrême tension, a déclaré Reporters sans frontières. Les attaques contre la presse sont souvent le signe avant-coureur de violences de plus grande ampleur. Nous demandons solennellement aux quatre candidats à l'élection présidentielle, quelle que soit leur sensibilité politique, à appeler publiquement leurs partisans à ne pas s'en prendre aux journalistes. Une telle démarche nous semble indispensable pour garantir la sérénité de la campagne électorale. »
A leur arrivée au lieu de rassemblement de la manifestation de l'UFC, dans le quartier de Bê-Château (Lomé), le 26 mars 2005 dans la matinée, le journaliste de la TVT Bangna Kondor, le cameraman Gilles Obnassé et le preneur de son Adjété Sossou ont été pris à partie et insultés par un groupe de jeunes personnes non identifiées. Celles-ci leur ont interdit de suivre la manifestation, qui exigeait ce jour-là le report de l'élection présidentielle. L'équipe de la TVT s'est tournée vers le responsable de la sécurité de l'UFC, Evans Welbeck, qui l'a assurée qu'elle pouvait faire son travail.
A mi-parcours, les trois journalistes, qui circulaient dans un véhicule signalisé, ont été violemment agressés par un groupe de « jeunes surexcités », selon leur récit, qui ont brisé la vitre arrière de leur voiture et les ont menacés de mort. Les responsables de la sécurité de l'UFC leur ont alors fait comprendre que, étant donné le degré d'excitation de leurs agresseurs, il était préférable que l'équipe de la TVT ne continue pas de couvrir la manifestation. Interrogé par Reporters sans frontières le 29 mars, le secrétaire général de l'UFC, Jean-Pierre Fabre, a déclaré que son parti « se désolidarisait totalement de ces violences » et avait « pris des mesures pour que de tels incidents ne se reproduisent pas ».
Ces violences interviennent dans un climat d'intimidation de plus en plus inquiétant pour certains journalistes, accusés par les uns d'être des affidés du Rassemblement du peuple togolais (RPT, au pouvoir) et par les autres d'être des porte-voix exclusifs de l'opposition. Outre les journalistes de la TVT, à qui l'opposition reproche sa couverture partisane de l'actualité politique, certains correspondants étrangers, en particulier des Blancs, identifiés à tort ou à raison comme étant français, ont été les cibles d'agressions verbales, ces dernières semaines, lancées par des manifestants dénonçant la politique française au Togo.
Dans le courant du mois de février, une vague de censure avait frappé les radios et télévisions privées du Togo à compter de la prise du pouvoir par Faure Gnassingbé. En pleine crise politique provoquée par la mort de l'ancien président Gnassingbé Eyadéma, sept radios et deux chaînes de télévision privées avaient été fermées sous des prétextes changeants, allant de « l'incitation à la révolte » à des « raisons fiscales ». Toutes ont, depuis, été rouvertes.