Plus que jamais, les journalistes népalais sont pris dans le feu croisé des rebelles maoïstes et des forces gouvernementales. Reporters sans frontières exige des maoïstes la libération du journaliste Shakti Kumar Pun, kidnappé dans l'Ouest du pays. L'organisation demande également au gouvernement de lutter contre l'impunité.
Plus que jamais, les journalistes népalais sont pris dans le feu croisé des rebelles maoïstes et des forces gouvernementales. Une dizaine de journalistes ont été agressés au cours des deux dernières semaines. Reporters sans frontières est très préoccupée par l'enlèvement du journaliste Shakti Kumar Pun par le Parti communiste népalais-maoïste (PCN-M).
L'organisation condamne avec fermeté les nombreuses exactions dont sont victimes les journalistes de la part des deux parties de cette guerre civile. L'organisation exige de la direction du PCN-M la libération de Shakti Kumar Pun. Ce nouvel enlèvement est en complète contradiction avec l'engagement du leader maoïste Krishna Bahadur Mahara qui avait publiquement ordonné, en septembre 2004, la libération de tous les journalistes détenus par ses troupes et la fin des violences contre la presse.
Shakti Kumar Pun, correspondant du quotidien national Rajdhani, a été kidnappé avec cinq autres personnes par un groupe de rebelles dans le district de Rukum (Ouest). On ne connaît pas la date précise de l'enlèvement, mais des journalistes locaux affirment qu'il aurait eu lieu autour du 18 novembre.
Les maoïstes ont reconnu l'avoir enlevé pour l'interroger, sans donner de détails sur le lieu de sa détention. Ils le soupçonnent d'avoir collaboré avec l'armée dans l'arrestation de cinq cadres maoïstes en août dernier.
Deux autres journalistes sont détenus par les PCN-M : Dhana Bahadur Rokka Magar, présentateur à Radio Nepal, kidnappé en août 2002 par des rebelles dans l'ouest du pays ; et Kul Bahadur Malla, correspondant du journal Karnali Sandesh dans l'Ouest, enlevé en juin 2003.
En août 2004, les maoïstes ont exécuté le journaliste Dekendra Raj Thapa de Radio Nepal après l'avoir enlevé. Ils lui reprochaient d'être un " espion ".
Reporters sans frontières est par ailleurs indignée par les violences à répétition commises par des membres de l'armée ou de la police. " Il est paradoxal de voir le gouvernement accorder aux associations de journalistes des moyens financiers pour soutenir les reporters victimes d'exactions, et en toute impunité laisser des membres des forces de sécurité agresser des professionnels des médias ", a affirmé l'organisation dans une lettre adressée au Premier ministre, Sher Bahadur Deuba. " La lutte contre l'impunité doit être une priorité de votre gouvernement ", a ajouté le secrétaire général de Reporters sans frontières.
Dans la semaine du 15 novembre, trois journalistes ont été menacés de mort pour leurs reportages par un criminel, Susheel KC, protégé par certaines autorités locales à Nuwakot (nord-ouest de Katmandou). Il s'agit de Dhruba Kumar Rawal, reporter pour le quotidien Rajdhani et Radio Nepal, Devchandra Bhatta, du quotidien Nepal Samacharpatra, et Raju Mitra Khanal, du quotidien Himalaya Times.
Pashupati Ghimire, le directeur de publication de l'hebdomadaire News Post publié à Dharan (Est), a quant à lui été malmené par des agents des forces de sécurité dans un bus entre Barahakshetra et Dharan. Le journaliste a été forcé de descendre et contraint de finir son voyage à pied.
Prakash Pokharel, producteur de l'émission "Samay Chakra" à Radio Nepal, a récemment subi deux attaques. Le 7 novembre, il a été agressé à Butwal (Ouest) par Jaya Bhola Shrestha, un homme d'affaires. Quelques jours plus tard, le journaliste a été frappé par des soldats à Gulmi (Ouest) où il se trouvait pour enquêter sur les affrontements dans la région.
Le 9 novembre, des soldats en civil ont agressé et menacé de mort Prakash Mathema, photographe du groupe de presse Kantipur, à Kapilvastu (Sud-Ouest). Ils étaient contrariés par la publication en Une du quotidien Kantipur, la veille, d'une de ses photos (ci-contre) montrant une patrouille de l'armée. On y voyait un soldat qui portait l'un de ses équipiers, blessé à la jambe.
Enfin, le 4 novembre, un groupe d'officiers de police a attaqué Surya Bahadur Chanda, correspondant du quotidien gouvernemental Gorakhapatra dans la région de Kanchanpur (Ouest), en face des bureaux de la Nepal Electricity Authority. Ce dernier était sur place pour un reportage.