Alo Khodjaev, le rédacteur en chef de Tribune-uz a décidé de fermer son site Internet suite aux pressions que lui et sa famille ont enduré depuis plusieurs années. “Nous soupçonnons les autorités ouzbeks d'être derrière les menaces reçues par Alo Khodjaev", a déclaré Reporters sans frontières.
Alo Khodjaev, le rédacteur en chef de
Tribune-uz a décidé de fermer son site Internet suite aux pressions que lui et sa famille ont enduré depuis plusieurs années.
“Nous soupçonnons les autorités ouzbeks d'être derrière les menaces reçues par Alo Khodjaev. Elles en sont, de toute façon, les complices dans la mesure où elles n'ont pas assuré la protection du journaliste et de sa famille. Nous constatons que la pression s'est récemment accrue sur les publications en ligne. C'est la deuxième affaire de ce type en l'espace de quelques semaines et nous craignons que ces pratiques ne s'étendent à d'autres journalistes en ligne”, a déclaré Reporters sans frontières.
Alo Khodjaev a régulièrement été menacé par téléphone après qu'il ait publié sur son site, en mai 2005, des informations sur les événements d'Andijan (répression dans le sang du mouvement pro-démocratique le 13 mai 2005) qui contredisaient la presse officielle. Les autorités lui ont refusé une autorisation pour quitter le pays alors que son intégrité physique était clairement menacée. Depuis le début de cette année, c'est au tour des membres de la famille du journaliste d'être la cible d'actes d'intimidation et de harcèlement. Ainsi, les services fiscaux ont arbitrairement imposé une amende de 3 millions de sums (environ 2 000€) à l'entreprise de son fils. Sa femme a récemment été renversée par une voiture dont le chauffeur a pris la fuite.
Dans son dernier article sur
Tribune-uz, daté du 4 juillet, Alo Khodjaev a déclaré que son journal en ligne ne publierait plus aucune information. Ce site, écrit-il, “avait pour seule vocation d'aider les lecteurs à comprendre l'étrangeté de la politique intérieure et extérieure de notre Etat. (...) Malheureusement, le pouvoir a une toute autre conception de notre activité et des médias. Ce n'est pas un hasard si notre site est totalement bloqué depuis mai 2005, ce qui est une atteinte au droit de nos citoyens à accéder à des informations pourtant légales aux yeux de loi ouzbek. (...) A partir d'aujourd'hui, notre site va suspendre ses activités. Je n'ai aucune idée de combien temps cela va durer. Mais croyez-moi, les raisons qui ont motivé cette décision sont graves.”
En juillet 2001, Alo Khodjaev avait été renvoyé de son poste de rédacteur en chef du
Tashkentskaya Pravda, un journal détenu par l'Etat, pour avoir osé y critiquer le gouvernement. C'est suite à cet incident que le journaliste avait décidé de lancer un site Internet. Parallèlement, Alo Khodjaev travaillait pour la station de radio indépendante
Grand, mais en juin 2004 les autorités ont fait pression sur les responsables de la station pour qu'il soit démis de ses fonctions.
De nombreux autres sites d'information tels que
www.fergana.ru,
www.centrasia.org ou
www.uzmetronom.com (voir
communiqué de presse du 5 juillet) sont bloqués en Ouzbékistan, un pays que Reporters sans frontières considère comme l'un des
quinze ennemis d'Internet.
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