Un rédacteur en chef arrêté et inculpé de "sédition" pour un article accusant un gouverneur de province de corruption

Reporters sans frontières demande la libération de Jerome Imeime, rédacteur en chef de l'hebdomadaire privé Events, arrêté le 10 octobre 2007 et inculpé de sédition six jours plus tard par le tribunal de Uyo, capitale de l'État d'Akwa Ibom (Sud-Est). "Il n'est toujours pas possible, au Nigeria, de publier des informations dérangeantes pour les gouverneurs locaux. De plus, Jerome Imeime a été inculpé en vertu d'une loi rétrograde, rappelant les heures noires des régimes militaires. Il doit être libéré immédiatement, faute de quoi la démocratie nigériane devra assumer publiquement d'avoir fait un grand pas en arrière", a déclaré l'organisation. Jerome Imeime a été arrêté le 10 octobre 2007 par des agents des services de renseignements intérieurs, le State Security Service (SSS), alors qu'il assistait à une cérémonie religieuse, au Ibom Hall, à Uyo. Un témoin oculaire a rapporté qu'il avait été brutalisé avant d'être emmené vers une destination inconnue. Le 16 octobre, il a comparu devant un magistrat, qui l'a inculpé de "sédition". Le journaliste a été écroué à l'issue de la lecture de son acte d'accusation. Son procès a été fixé au 16 novembre, selon des journalistes locaux. Events n'est pas paru depuis l'arrestion de son rédacteur en chef. Le journaliste est poursuivi pour un article publié en Une de Events et intitulé "Akpabio Finger Treasury", affirmant que le gouverneur Godswill Akpadio utilisait les fonds publics pour régler certaines dettes personnelles contractées pendant la campagne électorale. L'article faisait également état de faits de corruption dans l'attribution de marchés publics. Le Commissaire à l'Information de l'État d'Akwa Ibom, Census Ekpu, a démenti ces allégations, ainsi que toute implication du gouverneur dans l'arrestation de Jerome Imeime, d'après le quotidien privé Leadership. C'est la deuxième fois cette année que Events est la cible des autorités. En juin 2007, quinze hommes armés avaient vandalisé l'imprimerie du journal et confisqué environ 5000 exemplaires d'une édition mentionnant le réquisitoire dressé à l'encontre du gouverneur Apkadio par une commission d'enquête. Des témoins présents au moment de la descente avaient affirmé que l'un des véhicules utilisés appartenait au gouvernement, mais les autorités avaient nié toute implication dans ce raid.
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Updated on 20.01.2016