Un quotidien suspendu pour avoir bravé la censure sur l'imam d'Ispahan

 Le 11 juillet 2002, la justice iranienne a suspendu le quotidien réformateur Azad après qu'il eut bravé un ordre interdisant la publication de toute information sur la démission de l'ayatollah Jalaleddine Tahéri, imam d'Ispahan (photo). "Nous demandons aux autorités iraniennes de revenir sur cette suspension arbitraire et illégale. Censurer les commentaires sur la démission de l'ayatollah Jalaleddine Tahéri est un acte grave. Cela nuit tout particulièrement au débat d'idées en Iran où les journaux jouent, depuis plusieurs années, un rôle majeur", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation. En mai, Reporters sans frontières avait déjà protesté contre une interdiction portant sur la publication d'articles évoquant les relations irano-américaines. Depuis le début de l'année, sept publications ont été suspendues. L'organisation rappelle que le Guide de la République islamique, l'ayatollah Ali Khamenei, figure sur sa liste des prédateurs de la liberté de la presse dans le monde. Dix journalistes demeurent emprisonnés dans ce pays. Le 11 juillet 2002, le tribunal 1410 dit "tribunal de la presse" a ordonné la suspension d'Azad alors que ce quotidien s'apprêtait à publier un article sur la démission de l'ayatollah Jalaleddine Tahéri, imam de la prière de la ville d'Ispahan. La veille, le secrétariat du Conseil suprême de sécurité nationale (la plus haute instance de décision en matière de défense et de sécurité en Iran) avait, dans un communiqué, interdit à la presse de publier "toute information en faveur ou contre" ce haut dignitaire religieux dont une lettre ouverte, parue le jour même dans la presse réformatrice, avait fait scandale au sein des milieux conservateurs. L'ayatollah Jalaleddine Tahéri, y avait annoncé sa démission pour protester contre "la situation chaotique" en Iran. Il justifiait cet acte par "la déception, le chômage, l'inflation, la hausse quotidienne des prix, l'écart diabolique entre les pauvres et les riches, l'économie malade et la bureaucratie corrompue, les pots-de-vin, l'escroquerie, l'expansion de la consommation de drogue, l'incompétence des autorités et la défaillance de la structure politique" du régime. Le vice-ministre de la Culture, Chaban Chahidi-Moadab, qui a confirmé la suspension d'Azad, a demandé aux autres publications de respecter l'ordre de censure. Pourtant, plusieurs journaux conservateurs qui ont commenté la démission de l'ayatollah de façon critique, n'ont pas été censurés. L'édition du 12 juillet du grand quotidien réformateur Nowrouz, qui allait publier des commentaires sur la lettre de l'imam, a paru avec des articles censurés (photo). Machallah Chamsolvaezine, porte-parole de l'Association de défense de la liberté de la presse (ADLP), a indiqué que "les communiqués du secrétariat du Conseil n'ont pas de caractère légal". Créé en 1989 et placé sous l'autorité directe du Guide de la République, le conseil est présidé par le chef de l'Etat, Mohammed Khatami, mais son secrétariat est dirigé par le religieux conservateur Hassan Rouhani et placé sous l'autorité du Guide de la République. La deuxième photo est extraite du site Internet de la BBC
Publié le
Updated on 20.01.2016