Un quotidien suspendu et condamné pour un reportage sur un cheval

Reporters sans frontières condamne la décision prise, le 3 juillet 2009, par la Cour fédérale d’appel d’Abu Dhabi, de suspendre la publication du quotidien arabophone Al-Emarat Al-Youm, dans sa version papier et électronique. Cette suspension de 20 jours a pris effet le 6 juillet. Le journal a par ailleurs été condamné à payer une amende de 20 000 dirhams (soit 3 900 €), pour avoir publié, en 2006, un reportage sur le dopage du cheval de course “Mohammed“, appartenant aux écuries Warsan, propriété de deux des fils du président des Emirats arabes unis, Cheikh Khalifa ben Zayed Al-Nahyan. « Une telle décision constitue un danger pour l’indépendance des médias d’investigation aux Emirats arabes unis. Cette sanction est disproportionnée et risque d’intimider les médias qui, à tout moment, peuvent être suspendus ou condamnés à verser une amende en cas d’articles qui déplairaient à des personnalités influentes », a déclaré l’organisation. Sutie à l’article de 2006, les propriétaires des écuries avaient porté plainte à l’encontre du rédacteur en chef du journal, Sami Al Riami, et de son propriétaire, Abdul Latif Al-Sayegh (également président d’Arab Media Group), pour “publication intentionnelle d’informations fausses et non pertinentes“. Arab Media Group fait partie de la Dubaï Holding, propriété du Premier ministre émirati, Cheikh Mohammed Bin Rashid Al-Maktoum, connu pour sa passion pour les courses de chevaux. Un procès s’était ouvert en janvier 2008. En appel, la Cour fédérale d’Abu Dhabi a décidé de suspendre la publication du quotidien dans ses versions papier et électronique, en vertu de l’article 15 de la loi de 1980 sur la publication, qui autorise la suspension, la fermeture ou le retrait de licence d’un média en cas de condamnation. Suite au jugement, le propriétaire du journal a déclaré que son groupe « comptait pleinement se conformer à la décision de la Cour avec effet immédiat ». L’organisation rappelle que plusieurs journaux aux Emirats avaient évoqué le cas de ce cheval dopé, mais seul le quotidien Al-Emarat Al-Youm a été condamné.
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Updated on 20.01.2016