Un quotidien incendié par un groupe armé dans l’État de Veracruz: "Tout a brûlé, tout est perdu"
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Aux premières heures de la matinée du 6 novembre 2011, à Córdoba dans l’État de Veracruz (sud-est), un incendie criminel a détruit la quasi-totalité des bureaux du quotidien El Buen Tono en circulation depuis à peine un mois.
“Le témoignage recueilli par Reporters sans frontières auprès du directeur du journal, Julio Fentanes, ne laisse aucun doute sur l’intention de réduire ce média au silence. Le mobile reste à établir même si la piste politique apparaît à l’appui de certains éléments. Nous espérons que les autorités judiciaires de l’État de Veracruz auront le courage d’explorer cette voie et de travailler en toute indépendance. Nous rappelons que l’impunité reste totale dans les affaires de violences qui ont touché la presse dans la région depuis le début de l’année. Veracruz est devenu en 2011 l’un des États les plus meurtriers du pays, avec trois assassinats de journalistes, et l’un des plus touchés par la guerre des cartels de la drogue”, a déclaré Reporters sans frontières.
Un groupe d’environ quinze individus armés a fait irruption dans les locaux du journal, le 6 novembre au matin, après avoir ouvert le feu sur la façade du journal. Les assaillants ont déversé des bidons d’essence et mis le feu au bâtiment. La vingtaine d’employés alors présents sur les lieux ont eu le temps de se protéger des flammes en se réfugiant dans la salle des rotatives. D’après le propriétaire d’El Buen Tono, José Abella García, qui s’exprimait à l’antenne d’Imagen Radio, "tout a brûlé, tout est perdu".
Julio Fentanes rappelle qu’El Buen Tono est un quotidien critique et citoyen. "Nous signalons le travail mal fait, les négligences des autorités municipales", a-t-il déclaré à Reporters sans frontières. Récemment, El Buen Tono avait publié plusieurs articles mettant en cause le maire de Córdoba, Francisco Portilla Bonilla, dans des affaires de corruption et de trafic d’influences. La rédaction avait également réclamé la destitution du directeur général du Transit et des Transports publics, Carlos Demuner Pitol, parce qu’il ne possédait pas les diplômes académiques requis pour la fonction.
"Ce doit être une personne au sujet de laquelle nous avons publié, qui a dû se sentir insultée et qui est dotée d’un pouvoir criminel important pour avoir la possibilité d’ordonner l’incendie d’un journal", a ajouté Julio Fentanes. Le journal a déposé plainte, le 7 novembre, auprès du parquet spécialisé dans les attaques envers la liberté d’expression (FEADLE) du ministère fédéral de la Justice.
Publié le
Updated on
20.01.2016