Un quotidien d'opposition sanctionné puis saccagé

25.11.2009 - L'amende contre Le Nouveau Réveil réduite à un million de francs CFA Reporters sans frontières a appris que les recours déposés par Le Nouveau Réveil et le Groupement des Editeurs de Presse de Côte d'Ivoire (GEPCI) ont entraîné une révision de la sanction infligée par le Conseil national de la presse (CNP). Une nouvelle décision (N°0021), plus clémente, a été rendue le 19 novembre. L'amende, d'un montant de cinq millions de francs CFA, a été ramenée à la somme d'un million de francs CFA. ---------- Reporters sans frontières s'inquiète de la décision du Conseil national de la presse (CNP), le 20 octobre 2009, de sanctionner le quotidien Le Nouveau Réveil, proche du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) de l'ancien chef de l'Etat et candidat de l'opposition à l'élection présidentielle, Henri Konan Bédié, pour "injure" envers le Premier ministre Guillaume Soro. L'organisation déplore par ailleurs le saccage des locaux du journal, deux jours plus tard, par des étudiants qui s'en sont également pris à certains des employés. "A l'approche d'une campagne électorale historique pour la Côte d'Ivoire, nous redoutons que la compétition politique engendre des dérapages regrettables dans la presse. Nous appelons les directeurs de médias et les journalistes à observer le plus grand professionnalisme et les instances de régulation à respecter la pluralité des opinions. Le titre de l'article incriminé peut certes paraître outrancier ou provocateur, mais la sanction infligée au journal peut également avoir pour conséquence de nourrir les tensions existantes", a déclaré l'organisation. Dans un communiqué daté du 20 octobre, le CNP a condamné Le Nouveau Réveil au paiement d'une amende de cinq millions de francs CFA (plus de 7500 euros) pour "injure" au Premier ministre, suite à la publication, le 16 octobre, en une du journal, d'un article intitulé "Présidentielle : depuis sa balade en Chine, Soro raconte des conneries". Le directeur de publication et le rédacteur en chef du quotidien, Patrice Yaho et Saint-Clair Akwaba, dénoncent la politique du deux poids deux mesures du CNP, lui reprochant de ne pas avoir sanctionné le journal Nord-Sud, proche du Premier ministre, lorsque celui-ci a récemment qualifié Henri Konan Bédié de "chien errant". Interrogé par Reporters sans frontières sur ces accusations, le président du CNP s'est défendu : "C'est totalement faux : Nord-Sud a reçu un blâme suite à cette affaire, tout comme nous avons sanctionné Le Temps (proche du Président Gbagbo) lorsque cela s'imposait. Le Nouveau Réveil a reçu des blâmes (sanction de premier degré) pour d'autres affaires auparavant, naturellement nous sommes cette fois passés à une sanction de deuxième degré." Par ailleurs, le 22 octobre, plusieurs dizaines de jeunes de l'Union nationale estudiantine et scolaire de Côte d'Ivoire (Unesci) ont saccagé les locaux du quotidien et molesté des employés. Alors que les étudiants étaient venus déposer un droit de réponse à un article qui, selon eux, diffamait leur mouvement, la situation a rapidement dégénéré. Du matériel a été cassé et volé, et sept collaborateurs, selon Le Nouveau Réveil, ont été blessés. Il s'agit de Parfait Tadjau, secrétaire général de la rédaction, Diarrasouba Sory, grand reporter et chef du service Régions, Djê K M, chef du service Société, Economie et Culture, Kouassi N'goran, du service Correction, Kadélaure Rachèle et Tréta Zoumana, du service technique et Kouadio Eugène, stagiaire. La police s'est rapidement rendue sur les lieux et a interrogé les protagonistes, sans procéder à des interpellations.
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Updated on 20.01.2016