Reporters sans frontières et la Burma Media Association sont révoltées par le sort réservé au poète Aung Than, contaminé en 2006 par le virus du sida suite à injection forcée avec une seringue usagée à l'hôpital de la prison d'Insein. "Cette nouvelle terrifiante révèle une nouvelle fois le caractère criminel de la junte militaire, mais aussi les conditions sanitaires catastrophiques dans les prisons birmanes", ont déclaré les deux organisations.
Reporters sans frontières et la Burma Media Association sont révoltées par le sort réservé au poète Aung Than, contaminé en 2006 par le virus du sida suite à injection forcée avec une seringue usagée à l'hôpital de la prison d'Insein. Les deux organisations ont recueilli plusieurs témoignages, dont celui de sa mère, qui confirme que ce membre de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) est aujourd'hui dans un état de santé critique.
"Cette nouvelle terrifiante révèle une nouvelle fois le caractère criminel de la junte militaire, mais aussi les conditions sanitaires catastrophiques dans les prisons birmanes. Nous demandons la libération immédiate d'Aung Than afin qu'il puisse recevoir les traitements adaptés à son état de santé qui se dégrade de jour en jour. Nous appelons la communauté internationale à faire pression pour que le Comité international de la Croix-Rouge soit de nouveau autorisé à visiter les prisons birmanes comme cela a été le cas de 1999 à fin 2005", ont déclaré les deux organisations.
La mère d'Aung Than, Daw Khin Si, et l'un des amis, interrogés par les deux organisations, ont déclaré qu'en octobre 2006, Aung Than avait été admis à l'hôpital de la prison d'Insein pour un problème à la prostate. Un membre du personnel de l'hôpital, qui n'était pas un médecin, avait voulu lui administrer une injection. Aung Than, sachant que les cas de contamination sont fréquents à Insein et voyant que la seringue était usagée, avait refusé de recevoir l'injection. Le personnel soignant l'avait alors piqué de force.
Quelques mois plus tard, ses proches ont constaté que son système immunitaire avait commencé à faiblir (fièvres à répétition, irritations cutanées, rhumes fréquents...). Inquiet pour son état de santé, Aung Than a demandé à être examiné, ce qui lui a été refusé. Selon d'autres détenus, dont certains sont médecins, ses symptômes étaient similaires à ceux du VIH. Pour sa part, Aung Than est certain d'avoir été contaminé durant son séjour à l'hôpital de la prison.
Les pratiques d'injections forcées au sein de la prison d'Insein sont courantes. Un proche d'un membre de la Burma Media Association est mort du sida en prison après avoir, lui aussi, subi une telle injection.
Agé de 36 ans, Aung Than a été condamné, en juin 2006, à 19 ans de prison pour avoir notamment écrit et distribué un recueil de poèmes intitulé "Daung Man" ("La force du paon combattant"), rendant hommage au mouvement démocratique birman. Trois autres personnes originaires de Pegu (nord de Rangoon) avaient écopé de lourdes peines de prison dans la même affaire : l'étudiant Zeya Aung, le propriétaire de l'atelier où a été imprimé le recueil, Maung Maung Oo, et un militant de l'opposition, Sein Hlaing.