Un photojournaliste libéré en Birmanie, RSF appelle la junte à libérer les 64 reporters toujours détenus
Reporters sans frontières (RSF) est soulagée d’apprendre la libération du photojournaliste Kaung Sett Lin, arbitrairement détenu depuis 2021. L’organisation appelle la junte militaire birmane à libérer les 64 autres journalistes toujours détenus dans le pays.
Dans le cadre d’une amnistie de la junte au pouvoir, le photojournaliste birman Kaung Sett Lin a été libéré de prison le 4 janvier 2024, un an avant la fin de sa peine.
Le professionnel de l’information a été condamné en mars 2022 à une peine de trois ans de prison avec travaux forcés pour des accusations "d'incitation à la rébellion" montées de toutes pièces, sur la base de l'article 505 (a) du Code pénal birman. À sa sortie de prison, il a exprimé à un journaliste de Radio Free Asia sa tristesse de ne pas pouvoir retrouver sa mère, décédée pendant son incarcération, et son souhait de voir ses "frères journalistes toujours détenus bientôt libérés".
Travaillant pour l'agence Myanmar Press Photo, il était détenu depuis plus de deux ans dans la sinistre prison d'Insein, située dans la banlieue nord de Rangoun, la plus grande ville de Birmanie.
“Nous nous réjouissons de la libération de Kaung Sett Lin, mais nous rappelons qu'il n'aurait jamais dû être arrêté, et encore moins condamné à une peine de prison sur la base d'accusations forgées de toutes pièces. Nous appelons désormais la junte birmane à libérer sans délai les 64 autres journalistes et défenseurs de la liberté de la presse qui sont toujours détenus.
Le photojournaliste a été arrêté le 5 décembre 2021, avec sa collègue, la journaliste reporter d’images Hmu Yadanar, alors qu'ils couvraient un "flashmob" anti-régime à Rangoun. Tous deux ont été grièvement blessés lorsque les forces du régime ont foncé avec une voiture sur la manifestation et ont ouvert le feu.
Hmu Yadanar, qui subit toujours les séquelles de graves blessures à la tête et aux jambes, est toujours détenue à la prison d'Insein. Elle a été condamnée à une peine de trois ans de prison sous des charges similaires "d’incitation à la rébellion", ainsi qu’à une peine de dix ans pour "financement du terrorisme". En mai 2023, RSF a appelé le rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l'homme en Birmanie de se saisir de ce cas emblématique afin d'obtenir des sanctions internationales contre la junte militaire.
Le bouleversement du paysage médiatique birman a démarré quelques jours seulement après le putsch du 1er février 2021. La junte a rapidement publié une liste noire de médias interdits. Depuis, quatre journalistes ont été tués par l'armée : le photographe indépendant Aye Kaw ; le fondateur de l'agence de presse Khonumthung Pu Tuidim ; le chef d’édition du Federal News Journal Sai Win Aung ; et le photoreporter indépendant Soe Naing.
La Birmanie, qui se situe dans les limbes du Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2023, à la 173e place sur 180 pays, est devenue la deuxième plus grande prison de journalistes après la Chine.