Un nouveau militant des droits de l'homme victime de violences policières. La libération du journaliste Taoufik Ben Brik imminente
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Alors que la libération du journaliste Taoufik Ben Brik ne devrait plus être qu’une question d’heures, le militant des droits de l’homme et journaliste en ligne Zouhaïer Makhlouf a été violemment agressé par la police au cours de son interpellation le 24 avril dernier.
"Nous sommes profondément choqués par l’agression sauvage et gratuite d’un militant pacifiste des droits de l’homme par les forces de l’ordre. Les autorités reprochent à Zouhaïer Makhlouf de ternir l’image du pays. Or, cette agression, révélatrice de la brutalité de la police tunisienne, tout comme de ses méthodes d’intimidation envers les journalistes, montre une nouvelle fois l’envers du décor", a déclaré l’organisation.
Huit policiers en civil se sont présentés au domicile du journaliste le 24 avril à 17h15 pour procéder à l’interpellation de Zouhaïer Makhlouf. En l’absence d’un mandat d’arrêt, il a refusé de les suivre. Il s’est alors fait sauvagement frapper devant son épouse et ses enfants, âgés de 8 à 12 ans. Emmené de force au commissariat de Borj Ouzir, dans la ville d’Ariana, près de Tunis, il a à nouveau été victime de mauvais traitements. Il a pu prévenir son avocate, Me Imen Triki, par SMS.
Au cours de son interrogatoire, les policiers ont évoqué deux vidéos récemment produites par le journaliste sur plusieurs faits divers, dont l’affaire Sabrine Khemiri. Etudiante actuellement emprisonnée, Sabrine Khemiri a été agressée en mars par des agents de police à Tunis et a porté plainte contre ces derniers. Selon Me Imen Triki, ce ne serait que l’une des véritables raisons. Car Zouhaïer Makhlouf était convié, le 24 avril au soir, en compagnie d’autres militants et défenseurs des droits de l’homme, à un dîner organisé par Me Christian Charrière-Bournazel, ancien Bâtonnier de l’ordre des avocats du barreau de Paris. Informé de l’arrestation du militant, ce dernier s’est rendu, à 23h30, en compagnie de deux avocats, au commissariat en question. Les policiers en faction ont alors nié la présence du journaliste. Zouhaïer Makhlouf a pu enfin les contacter vers minuit pour leur annoncer qu’il avait été relâché. Ils se sont aussitôt rendus à son domicile et ont constaté que le journaliste présentait des blessures au visage et était couvert de sang. Une voiture de police banalisée était stationnée à proximité. Depuis des mois, le domicile du journaliste et de son épouse est surveillé en permanence par des policiers en civil. Joint ce matin par Reporters sans frontières, Zouhaïer Makhlouf a confirmé que son nez était cassé et ses enfants choqués.
Correspondant du journal Assabilonline (http://www.assabilonline.net), Zouhaïer Makhlouf a passé 116 jours en détention ces derniers mois. Arrêté le 20 octobre 2009, il avait été condamné le 1er décembre à trois mois de prison pour son reportage sur les conditions environnementales dans la zone industrielle de Nabeul. Libérable le 18 janvier 2010, il avait été maintenu en détention puis avait vu sa peine aggravée d’un mois et assortie d’une amende d’un montant de 6 000 dinars (3 165 euros) pour dommages et intérêts.
Par ailleurs, le journaliste Taoufik Ben Brik, condamné à six mois de prison, le 26 novembre 2009, dans une affaire montée de toutes pièces, devrait être libéré incessamment sous peu. Incarcéré le 29 octobre 2009, après la publication d’articles critiques envers le régime du président Ben Ali par deux médias français, Le Nouvel Observateur et le site Mediapart, il avait été condamné à six mois de prison ferme et transféré vers la prison de Siliana, à 130 kilomètres de la capitale.
Enfin, le procès en appel du journaliste Fahem Boukadous reprend le 27 avril 2010 à Gafsa. Le 26 avril 2010, Me Charrière-Bournazel a adressé une lettre au Président Zine El-Abidine Ben Ali pour lui faire part de son inquiétude quant au sort de ce journaliste et de ses co-accusés et lui rappeler les enjeux internationaux : « A l’heure où la Tunisie souhaite nouer un partenariat avec l’Europe, il n’est pas concevable qu’elle n’adopte pas les standards juridiques européens dans le domaine des libertés et des droits de l’homme ».
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Updated on
20.01.2016