Un nouveau journaliste décédé dans des circonstances troublantes, un an après la mort de Véronika Cherkasova

lire en russe Presque un an jour pour jour après l'assassinat de Véronika Cherkasova, du journal syndical indépendant Solidarnost, tuée très probablement pour des raisons professionnelles, Vassili Grodnikov, du quotidien d'opposition Narodnaya Volya, a été retrouvé mort, le 18 octobre, dans des circonstances troublantes. « Nous sommes préoccupés par les pressions que subissent sans cesse les journalistes et les médias au Bélarus, à l'approche de l'élection présidentielle de 2006. De nombreuses arrestations, des médias interdits, mais surtout deux journalistes décédés en un an : tel est le triste bilan de la situation de la liberté de la presse dans le pays. Les enquêtes sur les disparitions de Véronika Cherkasova, le 20 octobre 2004, et du cameraman Dmitri Zavadski, le 7 juillet 2000, piétinent. Nous espérons que l'enquête concernant la mort de Vassili Grodnikov ne connaîtra pas le même sort. Nous demandons que la thèse de l'assassinat pour raison professionnelle ne soit pas ecartée», a déclaré Reporters sans frontières. Le 18 octobre 2005, Vassili Grodnikov a été retrouvé mort dans son appartement de la banlieue de Minsk, le crâne ensanglanté. On ne connaît pas, pour l'instant, les circonstances exactes de sa mort, mais la piste professionnelle ne peut être écartée. Le journaliste travaillait pour Narodnaya Volya, un quotidien d'opposition contraint d'être imprimé à Smolensk (Russie) après la rupture de contrat ordonnée par son imprimerie bélarusse le 1er octobre dernier. Véronika Cherkasova a, quant à elle, été assassinée à son domicile de Minsk, le 20 octobre 2004, de plusieurs dizaines de coups de couteau. La journaliste couvrait des sujets de société, réalisait des portraits et enquêtait sur des sectes et des affaires criminelles. Elle avait récemment publié une série d'articles intitulée "Le KGB te surveille toujours". Peu de temps avant son assassinat, la journaliste enquêtait également sur d'éventuelles ventes d'armes de l'Etat bélarusse à Saddam Hussein. Depuis l'ouverture de l'enquête, les policiers privilégient la thèse du crime passionnel et du drame familial. Le fils, Anton Filimonov, et le beau-père de Véronika Cherkasova ont été rapidement suspectés. Le 31 janvier 2005, le juge avait ordonné un examen du jeune homme de 15 ans, afin de déterminer s'il souffrait de troubles psychiatriques au moment de la mort de sa mère. Cette décision avait finalement été annulée le 9 mars. Les charges pesant sur le fils et le beau-père de la victime ont été abandonnées le 18 avril 2005. Mais le 18 octobre, l' un des enquêteurs de la section criminelle de la ville de Minsk a révélé, en se basant sur des analyses AND, que le sang prélevé sur le lieu du crime appartenait au fils de la journaliste, Anton Filimonov. La mère de la journaliste assassinée s'est étonnée de ces révélations qui coïncident presque jour pour jour avec le premier anniversaire de la mort de sa fille, alors que l'enquête n'a connu aucune avancée auparavant. « Cela ne prouve rien, mon petit-fils est innocent. Je soupçonne les enquêteurs d'avoir voulu influencer les médias qui s'apprêtent à célébrer le premier anniversaire de la mort de ma fille », a déclaré Diana Cherkasova à Reporters sans frontières.
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Updated on 20.01.2016