A un mois de l'élection présidentielle zimbabwéenne, prévue le 29 mars 2008, Reporters sans frontières constate que la répression gouvernementale contre les médias indépendants s'accentue. "Ces persécutions visent à insuffler un sentiment de peur dans l'opinion publique avant la tenue du scrutin, le 29 mars", a déclaré l'organisation.
A un mois de l'élection présidentielle zimbabwéenne, prévue le 29 mars 2008, Reporters sans frontières constate que la répression gouvernementale contre les médias indépendants s'accentue. Journalistes interpellés, convoqués afin qu'ils révèlent leurs sources, inculpés de "publication de fausses nouvelles", journaux menacés de fermeture s'ils n'obtempèrent pas : autant de persécutions qui menacent gravement la liberté de la presse avant le scrutin.
"Que la police et la sinistre Central Intelligence Organization (CIO) s'en prennent aux médias et aux opposants n'est pas une nouveauté. Lors de l'élection de 2000, elles constituaient déjà le noyau dur de la répression contre les journalistes. Ces interpellations, tentatives d'intimidation et autres persécutions visent à insuffler un sentiment de peur dans l'opinion publique avant la tenue du scrutin, le 29 mars", a déclaré l'organisation.
Le 9 février 2008, des agents de la sécurité de l'Etat ont pénétré dans les locaux de l'hebdomadaire privé The Masvingo Mirror, exigeant qu'on leur révèle les sources de deux articles, intitulés "Major Mbudzi ties the bell around the Cat's neck" et "Makoni's national surgical operation Mbudzi speaks out". Parus dans l'édition du 8 au 14 février, ces articles faisaient référence à la candidature de Simba Makoni, ancien ministre des Finances, et nouvel opposant au président Mugabe.
"Deux hommes, vêtus de costumes sombres et portant des lunettes noires, ont exigé de connaître nos sources et ont menacé de fermer le journal si on continuait à publier des histoires néfastes pour le gouvernement", a expliqué Regis Chingawo, le rédacteur en chef du journal. Il a ajouté qu'il était "évident" que la publication des remarques de Mbudzi, porte-parole du parti présidentiel à Masvingo, décrivant le président Robert Mugabe comme un "chauffeur de bus qui s'est endormi sur le volant et qui refuse de laisser quelqu'un d'autre conduire", avaient "agacé" la sécurité de l'Etat.
Une semaine plus tard, le 17 février, des membres de la police anti-émeutes lourdement armés ont procédé à l'arrestation de Fazila Mohammed, journaliste indépendante, alors qu'elle couvrait un affrontement entre les fidèles de deux évêques aux affiliations politiques divergeantes, à la cathédrale Sainte-Marie de Harare. La journaliste s'est vu confisquer son magnétophone avant d'être libérée. Convoquée le 18 février au commissariat central de Harare, elle a finalement été relâchée sans qu'aucune charge soit retenue contre elle.
Le 18 février, Blessed Mhlanga, James Muonwa et Wycliff Nyarota, de l'hebdomadaire The Network Guardian, ont comparu devant le tribunal de Kwekwe (Centre), pour "publication de fausses nouvelles" dans un article du 26 mars 2006. Le juge a fixé la date de leur procès au 15 avril 2008.
Trois jours plus tard, le 21 février, à Harare, le ministre de l'Information et de la publicité, Sikhanyiso Ndlovu, a menacé de sanctionner sévèrement l'hebdomadaire The Financial Gazette si un article faisant état de dissensions au sein du parti présidentiel n'était pas immédiatement retiré. "Je n'hésiterai pas à instaurer les mesures coercitives nécessaires pour que ce journal respecte la loi", a déclaré le ministre. Cet article expliquait que certains membres du parti, de plus en plus méfiants, avaient refusé de signer les documents nécessaires à la nomination de Robert Mugabe en tant que candidat.