Un mois après l'arrestation de Moussa Kaka, Reporters sans frontières appelle le président Mamadou Tandja à cesser de "traiter les journalistes en ennemis"
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Un mois après l'arrestation de Moussa Kaka, Reporters sans frontières appelle le président nigérien, Mamadou Tandja, à faire enfin un geste de conciliation envers la presse privée, durement frappée par une politique répressive ayant conduit à l'incarcération de deux journalistes.
"Sachant que la pression ne se relâchera pas tant qu'il fera preuve d'autant d'intransigeance, le président Mamadou Tandja devrait enfin entendre ceux qui lui disent, depuis un mois, qu'il fait fausse route. Les arrestations spectaculaires de Moussa Kaka, puis d'Ibrahim Manzo Diallo, n'ont eu pour effet que de raidir la presse et la population, et de fragiliser encore davantage la démocratie nigérienne. Le chef de l'Etat devrait cesser de traiter les journalistes en ennemis, mais plutôt en partenaires, lorsque le pays traverse une crise", a déclaré l'organisation.
Moussa Kaka, directeur de la station privée Radio Saraouniya, correspondant au Niger de Radio France Internationale (RFI) et Reporters sans frontières, a été arrêté le 20 septembre et inculpé de "complicité de complot contre l'autorité de l'Etat". Les autorités, qui affirment l'avoir placé sur écoutes, sans avoir produit de preuves matérielles crédibles ni justifié la procédure ayant conduit à sa surveillance, l'accusent de "connivence" avec la rébellion touareg du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ). Le journaliste avait réalisé pour RFI plusieurs interviews exclusives de l'un des chefs du MNJ, lequel affronte régulièrement l'armée dans le nord du pays depuis février 2007. S'il est reconnu coupable au terme de son procès, qui pourrait ne s'ouvrir que dans plusieurs mois, Moussa Kaka risque la prison à vie.
Trois semaines plus tard, le 9 octobre, Ibrahim Manzo Diallo, directeur de publication du bimensuel privé Aïr Info, publié à Agadez (Nord), a été arrêté à l'aéroport de Niamey alors qu'il s'apprêtait à embarquer pour la France. Interrogé toute la nuit, puis transféré le lendemain à Agadez, où l'état d'urgence a été proclamé, le journaliste est interrogé sur ses liens avec le MNJ. Les policiers l'ont notamment accusé d'avoir fait payer son billet d'avion par la rébellion, alors que le voyage et le séjour d'Ibrahim Manzo Diallo étaient entièrement pris en charge par le conseil général des Côtes d'Armor, dans le cadre d'un accord de coopération décentralisée.
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20.01.2016