Un ministre zélé fait main basse sur un hebdomadaire

Le 23 septembre, le ministre guinéen de la Sécurité, Moussa Sampil, a fait saisir les 950 exemplaires de l'hebdomadaire Le Petit matin dans lequel un article brocardait « ses maladresses ». Le membre du gouvernement a ensuite cherché à justifier cette saisie par un mensonge. « Nous protestons non seulement contre la décision arbitraire du ministre de la Sécurité, mais aussi contre le zèle qu'il met à vouloir faire taire Le Petit matin. S'il s'obstine à utiliser les services de police comme auxiliaire de son orgueil blessé, Moussa Sampil continuera à faire face aux critiques légitimes des journalistes indépendants et à nos protestations. Nous demandons que Le Petit matin puisse paraître normalement et que des dédommagements lui soient accordés pour le manque à gagner, suite à la saisie de son numéro 4 daté du 23 septembre. » Dans la matinée du 23, des agents des Renseignements généraux, mandatés par le ministre de la Sécurité, ont parcouru les rues de Conakry à la recherche des 950 exemplaires du numéro 4 du Petit matin. Tous les exemplaires encore disponibles à la vente ont été emportés. Le même jour, constatant qu'ils avaient eu du mal à trouver les coordonnées du Petit matin, des policiers se sont présentés au siège du Conseil national de la Communication (CNC) et ont exigé qu'on leur communique les adresses de plusieurs journaux guinéens. Les employés du CNC ont refusé d'obtempérer. Pour justifier la saisie du journal, le ministre de la Sécurité a déclaré devant le CNC que Le Petit matin était « illégal ». Selon les informations recueillies par Reporters sans frontières, le président de l'Association guinéenne des éditeurs de la presse indépendante a alors téléphoné au procureur de Conakry, qui lui a dit ne pas être au courant d'une telle décision. Aussitôt, les éditeurs indépendants se sont mobilisés en faveur du Petit matin. Estimant qu'en procédant à la saisie des 950 exemplaires du journal, le ministre les avait « achetés à crédit », l'association lui a fait parvenir une facture, le 1er octobre. Le même jour, le ministre a été interpellé par les éditeurs indépendants, lors d'un séminaire sur la transparence, organisé à Conakry en présence de quatre de ses collègues. Plutôt que de répondre aux questions des journalistes, Moussa Sampil a préféré quitter la salle. Aujourd'hui, Le Petit matin n'a pas réuni la somme nécessaire pour son prochain numéro. Aucune date de publication n'est prévue.
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Updated on 20.01.2016