Un journaliste visé par deux perquisitions, au mépris du secret des sources
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Les bureaux du quotidien Newsday ont fait l’objet d’une perquisition menée par neuf policiers du Bureau d’investigation anti-corruption, le 9 février 2012. L’opération visait en particulier le journaliste Andre Bagoo, après la publication d’un article portant sur un contentieux entre le président de la Commission d’intégrité – institution indépendante chargée de veiller à l’éthique des pratiques de personnes dépositaires d’une charge publique -, Ken Gordon, et la vice-présidente de cette même institution, Gladys Gafoor.
Sommé de livrer ses sources par un courrier de la police en date du 20 janvier, Andre Bagoo s’y était refusé. Des documents, trois ordinateurs et deux téléphones portables appartenant au journaliste ont été saisis. Son domicile a été également fouillé. Les deux mandats de perquisition ont été émis par le préfet de police Dwayne Gibbs sans approbation judiciaire préalable comme la loi le stipule.
"Ces perquisitions constituent une claire violation du secret des sources, pilier majeur du journalisme. Ce précédent cause un tort considérable à la profession et risque de la décourager, à l’avenir, de s’emparer d’informations sensibles et d’intérêt public. Par ailleurs, ces mandats de perquisition n’avaient pas à être exécutés en l’absence de validation judiciaire. En plus d’être attentatoire à la liberté d’informer, une telle action est illégale. Les documents et matériel saisis doivent être immédiatement rendus à Andre Bagoo et à Newsday", a déclaré Reporters sans frontières.
Le journaliste Andre Bagoo avait mis au jour des conflits internes au conseil de direction de la Commission d’intégrité. La vice-présidente Glady Gafoor aurait été priée de revenir sur ses propres déclarations concernant une affaire de transaction foncière qui mettrait en cause l’ancien magistrat Sherman McNichols, et l’ancien procureur général John Jeremie. La Commission avait alors demandé à la police d’enquêter sur la fuite de cette information, considérée comme “confidentielle”.
Cette affaire n’est pas la première du genre. Le 29 décembre 2011, une perquisition avait eu lieu dans les bureaux de la chaîne TV6, ayant pour objet la saisie de tous les documents liés à la transmission sur le câble, le 25 et 26 octobre 2011, d’une vidéo du viol d’une jeune écolière de 13 ans dans le cadre d’un programme télévisé "Crime Watch". Tout en condamnant l’usage de ce genre d’images particulièrement choquantes et sans intérêt informatif, Reporters sans frontières estime que là encore, une atteinte au secret professionnel était avérée.
Marqué par une récente affaire d’espionnage de journalistes, Trinité-et-Tobago a reculé de vingt places (50e) au dernier classement mondial publié par Reporters sans frontières.
Publié le
Updated on
20.01.2016