Un journaliste victime d'agression voit l'enregistrement de sa plainte rejeté par le procureur
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Reporters sans frontières demande au ministre de la Justice, Limam Ould Teguedi, d'intervenir afin de permettre à la justice d'étudier le cas de Mohamed Mahmoud Ould Moghdad, journaliste de la station publique Radio Mauritanie, victime d'agression le 16 août 2007.
"Dans un communiqué du 21 août 2007, le gouvernement s'est déclaré indigné par cette agression. Nous pouvions donc espérer qu'il prendra des mesures afin que l'enquête soit menée dans de bonnes conditions. Le fait qu'une commission d'enquête ait été ouverte ne dispense pas de respecter la procédure judiciaire. Mohamed Mahmoud Ould Moghdad est en droit de voir son cas examiné par la justice", a déclaré l'organisation.
L'avocat du journaliste, Mohamed Sidina Ould Mohamed Salem, a rapporté qu'au lendemain de l'agression, le procureur de la République avait refusé d'enregistrer la plainte de son client, au motif qu'il manquait des pièces au dossier. Le 21 août, après avoir rassemblé de nouveaux éléments, dont des certificats médicaux, l'avocat a tenté de porter plainte une deuxième fois. Le bureau du procureur a une nouvelle fois rejeté le dossier.
Le Premier ministre a désigné une commission d'enquête chargée d'éclaircir les raisons de l'agression de Mohamed Mahmoud Ould Moghdad. Jusqu'à présent, le journaliste et son avocat n'ont eu accès à aucune information.
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20.08.2007 - Reporters sans frontières dénonce les récentes entraves à la liberté de la presse
Reporters sans frontières dénonce l'agression de Mohamed Mahmoud Ould Moghdad, journaliste de la radio publique Radio Mauritanie, le 16 août 2007, par des membres de la garde rapprochée du Premier ministre alors qu'il se rendait à une conférence de presse au ministère de la Santé.
D'autre part, Sidi Mohamed Ould Ebbe, rédacteur en chef du quotidien privé El Bedil Athalith, a été inculpé le 18 août de "diffamation et outrage à la première dame de l'Etat". Il risque une peine de prison.
"Alors que des avancées en matière de liberté de la presse avaient été notées dans le pays, notamment lors des dernières élections, l'agression dont a été victime Mohamed Mahmoud Ould Moghdad est un retour en arrière en ce qui concerne la sécurité des journalistes. Par ailleurs, nous tenons à rappeler que la première dame d'un Etat est un personnage public, généralement exposé aux médias. Elle est certes en droit de porter plainte en cas de "diffamation", mais doit également accepter les critiques. Dans ce type d'affaire, la demande d'un droit de réponse serait préférable à une procédure judiciaire", a déclaré l'organisation.
Le 16 août, Mohamed Mahmoud Ould Moghdad se trouvait au ministère de la santé pour couvrir une visite du Premier ministre Zein Ould Zeidane. Le journaliste a quitté la salle quelques instants et a été intercepté par le responsable de la garde du Premier ministre, Zein Ould Soueydatt, alors qu'il souhaitait regagner le lieu de la conférence. Bien qu'il soit en possession de sa carte de journaliste, Zein Ould Soueydatt a ordonné à ses hommes de le frapper.
La Haute Autorité de la presse et de l'audiovisuel (HAPA) a condamné cette agression, estimant "qu'aucune circonstance ne doit justifier le recours à la force physique à l'encontre d'un journaliste dans l'exercice de ses fonctions".
Le 18 août, Sidi Mohamed Ould Ebbe, rédacteur en chef de El Bedil Athalith, a été inculpé pour "diffamation" suite à une plainte de l'épouse du Président, déposée le 14 août. La première dame lui reproche la publication de deux articles indiquant qu'elle utilisait sa position pour solliciter des financements en faveur d'une association caritative qu'elle préside.
Le directeur d'El Bedil Athalith a déclaré à la presse "être prêt à un compromis", tout en déplorant l'interpétation qui a été faite des deux articles qui, selon lui, "ne visaient pas à porter atteinte à la première dame".
Sidi Mohamed Ould Ebbe a été entendu par le procureur de la République et doit comparaître devant le tribunal correctionnel de Nouakchott le 22 août. En vertu de la loi mauritanienne sur les délits de presse, il risque une amende ou une peine d'emprisonnement.
En octobre 2005, Reporters sans frontières a collaboré à une Commission spécialisée composée de journalistes indépendants, de juristes et de hauts fonctionnaires afin d'établir un nouveau projet de loi sur la presse. Ce texte prévoyait la dépénalisation des délits de presse, y compris pour les cas de diffamation. Au moment de la promulgation de la loi au mois d'octobre 2006, des peines d'emprisonnement ont été ajoutées en dépit des recommandations de la commission.
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Updated on
20.01.2016