Un journaliste russe, privé de passeport, risque l'expulsion
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Yuri Bagrov a été condamné par le tribunal municipal Léninski de Vladikavkaz (Ossétie du Nord), le 17 décembre 2004, à une amende d'environ 400 euros pour « usage de faux ». Les autorités russes contestent la validité du passeport russe que le journaliste avait obtenu en 2003, en remplacement de son ancien passeport soviétique. Privé de ses papiers d'identité et par conséquent de la nationalité russe, le journaliste risque l'expulsion. Le correspondant de Radio Free Europe/ Radio Liberty et ancien correspondant de l'agence Associated Press estime que cette condamnation est directement liée à ses activités professionnelles. Yuri Bagrov a notamment travaillé sur les conditions de vie des réfugiés tchétchènes, la contrebande dans le Caucase ou les enlèvements en Ingouchie. A l'issue du verdict, le journaliste a décidé de faire appel auprès de la Cour suprême de l'Ossétie du Nord.
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Un correspondant de médias étrangers privé de passeport et mis en examen
13 octobre 2004
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Yuri Bagrov, correspondant dans le Caucase Nord de l'agence de presse Associated Press (AP) et de la station américaine Radio Free Europe / Radio Liberty (RFE), a été dans l'impossibilité de couvrir l'élection présidentielle en Tchétchénie, le 29 août 2004. Quatre jours auparavant, son passeport avait été saisi par les services secrets russes (FSB) lors de la perquisition de son domicile. Une enquête a ensuite été ouverte, le 17 septembre, par le parquet d'Iristonsky (Ossétie du Nord).
Dans un courrier adressé au ministre de l'Intérieur, Rachid Nourgaliev, Reporters sans frontières s'est inquiétée des poursuites dont fait l'objet l'un des rares journaliste travaillant pour un média occidental dans la région.
"Nous vous demandons de vous assurer que l'enquête détermine au plus vite la pertinence des poursuites dont fait l'objet Yuri Bagrov et de veiller à ce que les procédures judiciaires ne soient pas utilisées pour empêcher les journalistes indépendants d'exercer leur métier", a précisé l'organisation de défense de la liberté de la presse.
Le 25 août, vers 8 heures du matin, le domicile de Yuri Bagrov, ainsi que son bureau et l'appartement de sa mère, ont été perquisitionnés par des officiers du FSB, qui ont procédé à une vaste saisie de documents, dossiers et ordinateurs. Son passeport ayant été confisqué, le journaliste n'a pu quitter Vladikavkaz (capitale de l'Ossétie du Nord, Russie) pour se rendre en Tchétchénie lors de l'élection présidentielle du 29 août, ni à Beslan, théâtre d'une prise d'otages tragique du 1er au 3 septembre.
Le 6 octobre, Yuri Bagrov a été informé de sa mise en examen, en vertu de l'article 327 du code pénal, pour "usage de faux". Le journaliste, natif de Tbilissi (Géorgie), s'était installé à Vladikavkaz en 1992. Il était alors en possession d'un passeport soviétique. En 2003, en vertu d'une décision d'un tribunal régional, il a obtenu la nationalité russe et reçu un passeport. La validité de cette décision du tribunal est remise en cause aujourd'hui par le parquet d'Iristonsky.
Yuri Bagrov a déclaré à Reporters sans frontières qu'étant le seul correspondant permanent de médias étrangers à Vladikavkaz, il pouvait "dire des choses qu'un journaliste d'un média russe ne pouvait pas dire".
En mai 2004, il avait publié des articles sur la corruption et la contrebande au sein de l'armée dans la région du Caucase Nord. Peu après, il avait été informé par un ami que des officiers du FSB avaient consulté son dossier d'état civil.
Yuri Bagrov a étudié en Russie et y réside. Sa mère et son épouse possèdent la nationalité russe. Conformément à la législation en vigueur, ces critères suffisent, selon le journaliste, à l'obtention d'un passeport russe.
Reporters sans frontières avait récemment dénoncé les entraves à la couverture médiatique de la tragédie de Beslan. L'organisation avait exprimé son inquiétude face à la possible extension à toute la région du black-out médiatique touchant actuellement la Tchétchénie.
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20.01.2016