Un journaliste russe expulsé et interdit d’entrée pendant 5 ans

Lundi 30 mai 2011, Rodion Marinitchev, correspondant de la chaîne russe Dojd, a été détenu, puis renvoyé en Russie et interdit de séjour au Bélarus pendant 5 ans. Cette expulsion intervient quelques jours après que le président Loukachenko a appelé son gouvernement à mettre fin aux activités des médias responsables selon lui de “créer la panique” à l’origine de la crise économique actuelle. Reporters sans frontières dénonce la rhétorique accusatoire dont use le pouvoir bélarusse chaque fois qu’un événement grave touche le pays. "La contestation des élections en décembre 2010, l’attentat dans le métro de Minsk, et maintenant la crise économique servent de prétexte à la répression toujours plus forte des médias indépendants. L’expulsion d’un journaliste étranger cherchant à rapporter l’actualité du pays est intolérable“, a déclaré Reporters sans frontières. Rodion Marinitchev a été arrêté alors qu’il venait d’interviewer Irina Khalip, correspondante du journal russe Novaya Gazeta, condamnée le 16 mai dernier à deux ans et demi de prison. Ses enregistrements vidéo ont été effacés et il lui a été ordonné de quitter le pays dans les 24 heures. Le journaliste a de plus été interdit d’entrée sur le territoire bélarusse pendant 5 ans. Andreï Bastounets, représentant de l’Association des journalistes bélarusses (BAJ), souligne que cette expulsion est illégale et ne peut pas être justifiée par le fait que le journaliste n’avait pas d’accréditation. L’expulsion de journalistes étrangers est une pratique désormais courante du pouvoir bélarusse. Le 24 mars 2011, un journaliste russe, Alexandre Lochmankine, fondateur du site spécialisé sur les droits de l’homme Svoboda, avait été arrêté alors qu’il s’apprêtait à couvrir une manifestation de l’opposition. Après 3 jours de prison, son accréditation avait été annulée et il avait dû quitter le pays. Prédateur de la presse, le président Alexandre Loukachenko s’en est pris ouvertement aux médias étrangers vendredi 27 mai lors d’une réunion sur la crise économique : « Je ne donnerai pas de nom pour ne pas leur faire de la publicité, mais le gouvernement doit faire son possible pour qu’ils ne soient plus présents dans le pays ». Il a accusé les médias russes d’être les plus « hystériques » et de détruire la réputation des bélarusses en les faisant passer pour des « sauvages » dont les étalages des magasins sont vides.
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Updated on 20.01.2016