Un journaliste risque la prison pour avoir critiqué le procès des assassins de Hrant Dink et le juge instruit de l’affaire

À cause de ses critiques sur le déroulement du procès des assassins de Hrant Dink, le journaliste Cengiz Çandar est poursuivi pour outrage à magistrat et encourt une peine de prison de un à trois ans. Reporters sans frontières est indignée par l’ouverture de ce procès à l’encontre du grand journaliste, chroniqueur du quotidien turc Referans. L’article « Ils se moquent de Hrant et de la Justice », daté du 9 février dernier, a valu à Cengiz Çandar l’accusation « d’insulte à un fonctionnaire dans le cadre de ses fonctions ». Le journaliste y évoquait les derniers développements de l’audience du 8 février 2010, estimant qu’un procès équitable ne pouvait être conduit par le président de la 14ème chambre de la Cour d’assises, Erkan Çanak, juge incompétent qui « ne donne pas l’impression d’œuvrer pour la justice ». Suite à un « malentendu » entre le juge Erkan Çanak et les forces de l’ordre, la cour n’était pas parvenue à appeler à la barre un témoin oculaire dont l’identité a été maintenue secrète. Celui-ci attendait que les policiers viennent le chercher à son domicile, tandis que la police l’attendait au tribunal. « Que dois-je faire ? », avait alors demandé le juge, une question inquiétante d’après l’article de Cengiz Çandar, qui considérait qu’un juge démontrant publiquement son incompétence n’était pas en mesure de rendre un verdict juste. Selon le journaliste, le procès des assassins de Hrant Dink se déroule de manière « totalement informelle » et « aucune justice ne pourra être rendue dans cette cour ». En plus d’être « partial », le juge Erkan Çanak donnerait l’impression d’avoir « un lien caché avec les avocats de la défense ». Le procès de Cengiz Çandar se tiendra devant le tribunal correctionnel de Bakirköy, à Istanbul, le 13 décembre prochain.
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Updated on 20.01.2016