Un journaliste remis en liberté provisoire après quatre mois de détention

Madh Amadi, un journaliste indépendant arrêté le 28 juillet 2005, a été remis en liberté le 28 novembre, après avoir payé une caution de 50 000 000 de toman (soit 45 500 euros). Suite à cette décision, il a mis un terme à sa grève de la faim. Le journaliste est toujours en attente de son procès. -------------------------------------------------------------------------- 23.11.2005 Novembre noir pour les journalistes Le mois de novembre 2005 aura été particulièrement impitoyable pour les professionnels des médias iraniens. La profession a été touchée par une vague de convocations orchestrée par le ministère des Renseignements. Reporters sans frontières dénonce cette situation et condamne les récentes atteintes à la liberté de la presse dans le pays. « Nous demandons au ministère des Renseignements de cesser immédiatement de harceler et d'intimider les journalistes en multipliant les convocations. Il est inacceptable que les services de renseignements d'un pays se permettent de dicter à des journalistes ce qu'ils doivent écrire », a déclaré Reporters sans frontières. Lors de ces convocations, qui ont touché au moins une dizaine de journalistes, ces derniers ont reçu comme recommandation de ne pas critiquer le nouveau gouvernement du président Mahmoud Ahmadinejad. Ils ont également été « priés » de ne pas écrire d'articles sur des sujets sensibles, tels que la question nucléaire par exemple. Reporters sans frontières demande également la libération immédiate de Madh Amadi et de Masoud Bastani, emprisonnés depuis l'été 2005 sous de faux prétextes. « Leur détention est totalement arbitraire. Il serait temps que la justice iranienne cesse de s'en prendre systématiquement aux journalistes. Quant à l'agression dont a été victime Heshmatollah Bahadory, nous demandons au chef de la police de Téhéran de tenir ses engagements et de sanctionner comme il se doit l'officier qui s'est rendu coupable d'un tel acte », a déclaré l'organisation. Madh Amadi, un journaliste indépendant qui collabore avec plusieurs médias, a été arrêté le 28 juillet, puis condamné par le tribunal de Marivan (Kurdistan iranien) à un an de prison ferme et à cinquante coups de fouet pour « sortie illégale du pays ». De retour du Kurdistan irakien, le journaliste avait été interpellé par les forces de police dans la zone frontière de Sarvabad. Les raisons de son arrestation ne sont pas connues, mais l'une des enquêtes qu'il a menées pourrait y avoir joué un rôle. Madh Amadi avait en effet rassemblé de nombreux documents sur le massacre des habitants du village de Garna (Kurdistan iranien) dans les années 80, qui ont été confisqués lors de son arrestation. Le 22 novembre, Madh Amadi aurait dû être libéré sous caution, mais le tribunal de Marivan s'est, contre toute attente, opposé à sa libération. Afin de protester contre cette décision, le journaliste a entamé, le jour même, une grève de la faim et s'est cousu la bouche. Madh Amadi doit prochainement repasser devant le tribunal afin de répondre d'autres accusations. D'autre part, Masoud Bastani, rédacteur en chef du quotidien Nedat Eslahat (suspendu en 2003) et collaborateur de plusieurs journaux réformateurs, notamment Etemad, Toseeh et Joumhoryat, a été arrêté le 25 juillet devant l'hôpital Milad alors qu'il couvrait une manifestation en faveur de la libération de son confrère Akbar Ganji. Le jeune journaliste avait été condamné en 2003 pour « diffamation » à six mois de prison, 70 coups de fouet et cinq ans d'interdiction d'activité journalistique. Après avoir été incarcéré quelques jours à la prison d'Arak (centre de l'Iran), il avait été relâché. Selon les autorités iraniennes, Masoud Bastani aurait été remis en prison cet été pour purger la totalité de sa peine. Mais dans la mesure où les plaignants ont retiré leur plainte, le dossier de la justice iranienne est vide. Le procureur général de la ville d'Arak a, par ailleurs, récemment interdit au jeune journaliste de s'adresser au juge chargé de l'affaire. Après avoir bénéficié d'un mois de permission, Masoud Bastani a dû, le 5 novembre, retourner à la prison d'Arak. Enfin, Heshmatollah Bahadory, photographe sportif pour le quotidien Pirozy et le site Internet d'informations http://www.tebyan.net, a été agressé le 14 novembre dans l'enceinte du stade de Téhéran, alors qu'il couvrait un match de football. L'homme qui s'en est pris sans raison au journaliste sportif était un policier. Heshmatollah Bahadory a été conduit aux soins intensifs de l'hôpital Atyer, où il a passé quelques jours. Le chef de police de Téhéran s'est engagé à sanctionner l'agresseur du journaliste.
Publié le
Updated on 20.01.2016