Un journaliste relâché après dix-sept jours d'emprisonnement pour “diffusion de fausses nouvelles”

Le journaliste Abdiaziz Mohamud Guled, travaillant pour la radio privée Simba, basée à Mogadiscio, a été relâché le 17 décembre par les autorités de la région autonome du Puntland (Nord-Est). Selon le vice-ministre de l'Intérieur, il a purgé une peine pour “diffusion de fausses nouvelles”. ---------------------- 05.12.2006 - Un journaliste somalien arrêté au Puntland, trois journalistes italiens expulsés de Mogadiscio Reporters sans frontières s'inquiète de la détérioration des conditions de travail des journalistes en Somalie, après l'arrestation d'Abdiaziz Mohamud Guled, journaliste somalien de la radio indépendante Voice of Peace, basée à Galkayo (région du Puntland, Nord-Est), et l'interpellation à Mogadiscio puis l'expulsion de trois journalistes italiens, Massimo Alberizzi, envoyé spécial du quotidien privé Il Corriere della Sera et deux journalistes indépendants, Emanuele Piano et Marco Ricchello. "Ces arrestations concomitantes montrent clairement qu'entre la loi des milices de l'Union des tribunaux islamiques (UTI) et celle des autorités du Puntland, la Somalie est en passe de devenir une zone interdite à la presse indépendante. Les journalistes sont, au mieux des boucs émissaires des haines politiques, au pire des témoins gênants à écarter. Il est inadmissible qu'ils soient les victimes de la guerre, larvée ou déclarée, entre les factions rivales de la corne de l'Afrique", a déclaré Reporters sans frontières. Arrêté le 1er décembre 2006, à Bossasso, dans la région du Puntland, Abdiaziz Mohamud Guled, surnommé "Africa", est détenu depuis au siège des services de renseignements antiterroristes (Puntland Intelligence Service, PIS). Selon l'Union nationale des journalistes somaliens (NUSOJ), l'organisation partenaire de Reporters sans frontières en Somalie, il est soupçonné d'avoir des liens avec l'Union des tribunaux islamiques (UTI), pour avoir relayé sur la radio indépendante Simba l'information selon laquelle des chefs religieux avaient prévu d'organiser, le jour même, une manifestation à Bossasso. Il a également fait des essais sur les ondes, sans autorisation, pour l'ouverture d'une antenne, dans cette ville, de la radio Voice of Peace. Les autorités du Puntland ont confirmé à la NUSOJ qu'une enquête sur le journaliste était en cours. Il risque, si ses liens avec l'UTI étaient prouvés, des poursuites pour menace à la sécurité nationale et à l'intégrité territoriale. Afin d'éviter les foudres des autorités, les journalistes du Puntland s'autocensurent sur les sujets touchant à l'UTI, qui contrôle la majeure partie de la Somalie, dont la ville de Mogadiscio. Par ailleurs, le 2 décembre, trois journalistes italiens, Massimo Alberizzi, Emanuele Piano et Marco Ricchello, et leur interprète, Ali Edmondo, ont été interpellés à Mogadiscio par des miliciens islamistes radicaux, puis expulsés le lendemain vers Nairobi. Le 4 décembre, Il Corriere della Sera a publié le témoignage de Massimo Alberizzi. Menacés dans la rue par un jeune homme armé, les quatre hommes ont été emmenés de force à l'hôtel Sahafi, puis le journaliste a été conduit seul à l'aéroport, pour y être interrogé par un membre des services de renseignements de l'UTI, du nom de Mahad, au sujet de ses articles dénonçant le soutien du gouvernement érythréen aux islamistes somaliens. Ayant réussi à avertir par message SMS l'envoyé spécial du gouvernement italien pour la Somalie à Nairobi, Mario Raffaeli, qui a mobilisé les hauts fonctionnaires italiens, somaliens et de l'ONU, le journaliste a été ramené à l'hôtel suite à l'intervention téléphonique de Sheikh Hassan Dahir Aweys, président de la Shura, l'organe de délibération de l'UTI. Au terme de plusieurs heures de discussion virulente entre les modérés de la Shura, voulant préserver le "visage humain" du pays, et les fondamentalistes préférant envoyer Massimo Alberizzi en prison "en attendant d'autres enquêtes, plus approfondies, sur ce journaliste espion", les trois journalistes ont finalement été emmenés à l'aéroport, le lendemain, à 15h. Ils ont embarqué dans un avion des Nations unies à destination de Nairobi.
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Updated on 20.01.2016