Un journaliste proche des conservateurs agressé

Reporters sans frontières condamne l’agression dont a été victime Payam Fazlinejad, journaliste du quotidien extrémiste, Kyhan, à Téhéran le 21 février 2010. « Sa personnalité controversée et ses relations avec les services de renseignement ne justifient en rien les violences commises contre le journaliste. Elles doivent être condamnées par tous les défenseurs de la liberté d’expression. Nous demandons aux autorités de faire la lumière sur cette affaire », a déclaré l’organisation. Selon l’agence de presse officielle IRNA, Payam Fazlinejad a été frappé par plusieurs individus en moto le 21 février au soir à Téhéran. Grièvement blessé, il a été transporté à l’hôpital Bagiolah Azam. Fazlinejad a commencé sa carrière à l’hebdomadaire, Sinema, à la fin des années 1990, lors de l’arrivée au pouvoir de Mohammad Khatami. Il a ensuite rejoint le quotidien, Kyhan, proche du courant extrémiste. Dans les colonnes du journal, il s’est fait connaître par ses prises de position radicales. Depuis les élections du 12 juin 2009, il a régulièrement ironisé sur la presse d’opposition et les dissidents, mouvement qu’il a qualifié de « nato culturel » (en référence à l’Organisation du traité de l’Atlantique nord). Plusieurs journalistes et blogueurs arrêtés ces dix dernières années l’ont accusé de servir d’informateur aux services du renseignement. Le quotidien national Kayhan est l’organe de presse des conservateurs extrémistes. Son directeur, Hossin Shariatmadry, a dans le passé travaillé comme interrogateur à la prison d’Evin. Il a été nommé à la direction du quotidien par l’ayatollah Khamenei en personne au début des années 2000. Récemment, le journal s’est fait remarquer par ses attaques régulières contre les journalistes, les intellectuels et les dissidents qu’il a accusés d’être à la solde d’intérêts étrangers. Plusieurs plaintes pour diffamation contre le journal et son directeur sont restées sans suite. Depuis le début des manifestations contre la réélection du président Mahmoud Ahamadinejad, le 12 juin 2009, la violence contre les journalistes a considérablement augmenté en Iran, en premier lieu perpétrée par le gouvernement contre la presse indépendante ou d’opposition. Au moins 65 journalistes sont actuellement derrière les barreaux. Plus d’une soixantaine ont été contraints à l’exil.
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Updated on 20.01.2016