Un journaliste porté disparu dans l’Etat du Guerrero

Le journaliste Bernardo Javier Cano Torres, présentateur du programme « Hora Cero» pour ABC Radio 93.9FM, située à Iguala dans l’Etat du Guerrero (sud-ouest), a été enlevé, le 7 mai, avec trois autres personnes. Reporters sans frontières (RSF) s’alarme de la multiplication des violences à l’encontre des journalistes dans le pays. D’après les témoignages recueillis par RSF, Bernardo Javier Cano Torres a disparu sur la route entre Teloloapan et Iguala alors qu’il rentrait chez lui. Les autorités de l’Etat de Guerrero ont par ailleurs confirmé l’enlèvement du journaliste dans la nuit de jeudi au vendredi. Natividad Ambrosio, la co-présentatrice de l’émission “Hora Cero” qui venait de fêter ses deux ans, a rapporté à RSF avoir subi des pressions. Alors que la campagne politique pour l’élection au poste de gouverneur bat son plein, le programme avait été contraint de passer d’une diffusion en direct à une diffusion sur Internet. Lors d’une émission récente, les deux journalistes avaient également commenté les menaces reçues par Ambrosio de la part d’un des frères de José Luis Abarca (ex-maire de Iguala au cœur du scandale des 43 étudiants disparus) pour avoir pris des photos lors d’une enquête du SAT (Servicio Administrario Tributaria) sur le commerce de pierres précieuses de la famille Abarca. “Reporters sans frontières condamne cet enlèvement et appelle les autorités locales du Guerrero à mener une enquête indépendante, impartiale et approfondie et à travailler en bonne intelligence avec les autorités fédérales afin d’obtenir au plus vite la libération du journaliste”, déclare Virginie Dangles, adjointe à la direction des programmes de RSF. Cet enlèvement a eu lieu quelques jours après l’assassinat du journaliste Armando Saldaña Morales, correspondant pour la radio La Ke Buena 100.9 FM (Etat du Veracruz), retrouvé abattu et visiblement torturé le 4 mai 2015 à San José Cosolapa dans l’Etat d’Oaxaca (sud). Officiellement, le motif de son assassinat reste inconnu. Le journaliste présentait notamment le programme politique “La Grilla Punto y Debate” diffusé chaque samedi par la radio La Ke Buena. Le 11 août dernier, le journaliste Octavio Rojas Hernandez de El buen Tono avait lui aussi été assassiné dans cette localité. Veracruz et Oaxaca comptent parmi les États les plus meurtriers du Mexique pour les journalistes. Le niveau d’insécurité est extrêmement élevé, en raison notamment de la présence de nombreux cartels et de la corruption de certains fonctionnaires locaux. Depuis janvier 2015, trois journalistes y ont été assassinés : Moises Sanchez Cerezo au Veracruz, Abel Manuel Bautista Raymundo et Armando Saldaña Morales à Oaxaca. Le Guerrero est également un État particulièrement dangereux pour les journalistes avec pas moins de douze assassinats répertoriés entre 2002 et 2014. Reporters sans frontières avait d’ailleurs contribué à la publication d’un rapport paru le 27 avril dernier sur les difficultés auxquelles les journalistes sont confrontés dans la région. Le Mexique se situe à la 148e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières, publié en février 2015. (Logo: LaOpinion)
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Mise à jour le 20.01.2016