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Andreï Chentorovitch, fondateur et rédacteur en chef de l'hebdomadaire indépendant Mestnaya Gazeta, régulièrement harcelé par les autorités biélorusses depuis plusieurs années, a demandé, le 14 juin 2006, l'asile politique au gouvernement ukrainien. Le journaliste a quitté le Bélarus le 27 mars, huit jours après la réélection controversée d'Alexandre Loukachenko. Le journaliste dirigeait l'hebdomadaire régional basé à Volkovysk (Ouest), une des très rares publications indépendantes du pays, depuis 2001.
« Nous apportons notre soutien à Andreï Chentorovitch, harcelé par les autorités de son pays, dans sa demande de statut de réfugié au gouvernement ukrainien. Nous sommes fatigués de constater que la répression à l'encontre des journalistes indépendants ne fait que s'intensifier au Bélarus. Ce rédacteur en chef n'est pas le seul à avoir quitté le pays depuis ces dernières années pour échapper à la politique systématique de répression. Son acte prouve, une fois de plus, que les voix dissidentes sont poussées à bout et chassées hors du pays », a déclaré Reporters sans frontières.
Andreï Chentorovitch avait été arrêté sans raison, le 18 mars 2006, un jour avant la présidentielle. Interrogé par Reporters sans frontières, il a affirmé que la police de Volkovysk l'avait forcé à sortir de son véhicule pour le conduire en prison. Officiellement accusé de « hooliganisme », il a été condamné à trois jours d'arrêt le 19 mars, au terme d'un procès « éclair ». Les autorités biélorusses ne lui ont pas seulement signifié qu'il devait arrêter de publier ses articles, mais elles l'ont aussi empêché de voter. Plus de vingt journalistes indépendants avaient été pris dans des vagues d'arrestations qui avaient suivi l'élection présidentielle et eux aussi condamnés arbitrairement à plusieurs jours de prison pour «hooliganisme».
Le rédacteur en chef de Metsnaya Gazeta avait publié des articles dénonçant la corruption des représentants locaux de l'Etat. Son journal avait été récemment retiré des registres du commerce et de la vente en kiosque. Les imprimeries locales ont toutes refusé d'assurer l'impression du journal, cédant à la pression des autorités. Andreï Chentorovitch a dû changer quatre fois d'imprimeur. Depuis 2005, le journal était imprimé à Smolensk, en Russie, solution pour laquelle d'autres journaux harcelés par les autorités comme BDG Delovaya Gazeta, aujourd'hui fermé, avaient dû opter.
En octobre 2004, le journaliste était entré en grève de la faim pour protester contre la suspension arbitraire de son journal et ce qu'il avait appelé « la disparition programmée de la liberté de la presse par le pouvoir ». Le ministère de l'Information avait prétexté, pour lui retirer sa licence, qu'il ne disposait pas d'adresse légale dans sa localité. Il a suivi sa grève pendant 21 jours.
Depuis 2004, au mois trois journalistes biélorusses ont demandé l'asile politique pour échapper à la répression : Nikolaï Posedko, du journal Region Vesti basé à Svetlogorsk (Sud-Est), réfugié en Suède, Aleksandr Silich, rédacteur en chef adjoint du quotidien indépendant Narodnaya Gazeta, réfugié en Belgique, et Oleg Minich, poursuivi pour « outrage au président » par les services secrets pour avoir caricaturé Alexandre Loukachenko sur le site Internet www.mult.3dway.org. Il est réfugié en Allemagne depuis février 2006.