Un journaliste indépendant sauvagement agressé
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Mise à jour - 19.04.2012:
Le Groupe international de partenariat pour l'Azerbaïdjan (IPGA) a adressé un courrier au président Ilham Aliev au sujet de la violente agression subie la veille par le journaliste indépendant Idrak Abbasov.
Lire la lettre (en anglais):
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18.04.2012 - Un journaliste indépendant sauvagement agressé
Reporters sans frontières condamne très fermement la violente agression dont a été victime le journaliste indépendant Idrak Abbasov, le 18 avril 2012.
« Nous sommes révoltés par cette attaque brutale qui laisse Idrak Abbasov dans un état préoccupant, a déclaré Reporters sans frontières. Ce drame est d’autant plus triste qu’il aurait pu être évité, si l’attention nécessaire avait été portée au harcèlement quotidien subi par le journaliste et sa famille depuis de nombreux mois. Les autorités doivent agir immédiatement et énergiquement pour identifier et punir les auteurs de cette agression. Toute autre attitude leur conférera une lourde part de responsabilité dans cette affaire, emblématique de la gestion brutale des transformations immobilières en cours dans la capitale et à ses environs. »
Le correspondant de Zerkalo et de l’Institute for Reporters Freedom and Safety (IRFS) se trouve dans un état grave après avoir été violemment passé à tabac par des agents de sécurité de la SOCAR (Compagnie pétrolière d’Etat), près de son domicile du village de Sulutapa (district de Binagadi, banlieue de Bakou), le 18 avril 2012 vers midi. Plusieurs autres journalistes ont été violentés, dont la correspondante de Yeni Musavat, Gunay Musaïeva. D’après nos informations, aucune enquête n’a pour l’instant été ouverte par la police locale.
Idrak Abbasov filmait les opérations de démolition de maisons de son voisinage menées par la SOCAR et les protestations des habitants. Plusieurs agents de sécurité l’ont alors pris à partie. Après s’être saisis de sa caméra, ils l’ont projeté à terre et roué de coups de pieds. Le journaliste a perdu beaucoup de sang et a été transporté à l’hôpital inconscient. Il souffre d’un traumatisme crânien et de multiples fractures, et l’un de ses yeux est blessé. Des analyses complémentaires doivent être réalisées avant de pouvoir établir le diagnostic final. D’après les médecins, l’état d’Idrak Abbasov est sérieux mais sa vie est désormais hors de danger. Des organes pourraient cependant avoir été endommagés, ce qui laisse craindre une hémorragie interne.
Idrak Abbasov et ses proches font l’objet d’un harcèlement constant depuis plusieurs mois. L’organisation internationale de défense de la liberté d’expression Index on Censorship lui a récemment décerné son Prix 2012 pour récompenser sa ténacité à couvrir les événements de Sulutapa. Les persécutions subies par la défenseure des droits de l’homme Leyla Yunus, dénonçant les expropriations et démolitions illégales d’habitations à Bakou, n’ont pas non plus cessé depuis la démolition des locaux de son organisation, Institute for Peace and Democracy, l’été dernier. Le 17 avril 2012, des policiers se sont présentés à son domicile, sans mandat, pour y mener une perquisition et relever l’identité des personnes présentes. Mais en l’absence de Leyla Yunus, ils se sont heurtés au refus des occupants de l’appartement.
L’agression d’Idrak Abbasov intervient au surlendemain d’un discours du président de la République Ilham Aliev, qui dénonçait en clôture du Conseil des ministres la « guerre de l’information » menée contre son pays. « Nous avons la démocratie, la liberté d’expression, la liberté de conscience et la liberté d’assemblée », a-t-il déclaré en réponse aux critiques montantes contre les violations systématiques des droits de l’homme dans ce pays, classé 162e sur 179 dans le dernier classement mondial de la liberté de la presse réalisé par Reporters sans frontières.
« La tenue de l’Eurovision à Bakou en mai 2012, qui doit couronner les efforts de l’Azerbaïdjan pour améliorer son image sur la scène internationale, doit absolument être l’occasion de braquer les projecteurs sur la situation critique des défenseurs des droits de l’homme et journalistes indépendants dans ce pays », a rappelé Reporters sans frontières.
(Photo: Agence Turan)
Publié le
Updated on
20.01.2016