Un journaliste freelance relâché après trois jours de détention pour "trouble à l'ordre public"
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Stanley Karombo, journaliste freelance et étudiant à l'université de Witwatersrand, a été relâché le 21 avril 2008 contre le paiement d'une amende de 14 000 000 de dollars zimbabwéens (environ 300 euros). Il a passé trois jours en garde à vue au commissariat central de Harare avant d'être remis en liberté, a appris Reporters sans frontières auprès de sources locales.
Il avait été arrêté le 18 avril alors qu'il prenait des notes pendant le discours de Robert Mugabe, lors de la commémoration du jour de l'indépendance au stade Gwanzura, dans la banlieue de Highfield, à Harare. Les policiers l'ont d'abord accusé d'avoir enfreint la loi sur la presse de 2002 (Access to Information and Protection of Privacy Act). Cette accusation n'ayant pas pu être confirmée, il a finalement été inculpé de "trouble à l'ordre public".
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22.04.2008 - Un journaliste porté disparu, alors que la répression contre la presse indépendante s'accentue
Reporters sans frontières exprime son inquiétude après la disparition, depuis le
15 avril 2008, du journaliste indépendant Stanley Karombo, tandis que les agressions et arrestations arbitraires de reporters continuent, et que les médias publics ont repris leur campagne de propagande en faveur du gouvernement sortant.
"L'absence d'exigences de la communauté des Etats africains envers le gouvernement de Robert Mugabe expose les journalistes zimbabwéens à de grands dangers. Sans se prononcer sur l'issue des élections générales du 29 mars, les pays qui bénéficient encore de l'attention du président sortant devraient au moins formuler quelques revendications fermes, notamment en ce qui concerne la préservation de la liberté de la presse. Il n'est pas trop tard pour empêcher que le silence ne se transforme en complicité dans des actes tragiques", a déclaré l'organisation.
Stanley Karombo a été vu pour la dernière fois le 15 avril 2008, alors qu'il couvrait la grève générale décrétée par le Movement for Democratic Change (MDC) de Morgan Tsvangirai, le principal parti d'opposition. Ses confrères ont tenté, en vain, de retrouver sa trace dans les commissariats de police de Harare. La police a affirmé qu'elle ignorait où se trouvait le journaliste.
Edward Chikomba, cameraman freelance et ancien collaborateur de la chaîne publique Zimbabwe Broadcasting Corporation (ZBC), avait été retrouvé mort le 31 mars 2007, deux jours après avoir été kidnappé par des inconnus soupçonnés d'être des agents des services de renseignements.
De son côté, le journaliste indépendant Frank Chikowore, qui avait disparu, lui aussi, après avoir été arrêté le 15 avril à proximité de son domicile, a comparu le 21 avril devant un tribunal de Harare en compagnie de 27 militants du MDC, pour avoir prétendument troublé l'ordre public. Il est désormais accusé d'avoir participé à l'incendie d'un autobus, après avoir initialement été accusé, à tort, de travailler comme journaliste sans l'accréditation obligatoire de la Commission des médias et de l'information (MIC). Le 22 avril, le tribunal a décidé le maintien en détention de l'ensemble des prévenus, afin de dissuader d'éventuels fauteurs de troubles.
Parmi les prévenus se trouve également Luke Tamborinyoka, ancien rédacteur en chef du quotidien suspendu The Daily News, actuellement directeur de l'information du MDC. Ce dernier avait passé 71 jours en détention en 2007, au cours desquels il avait subi des mauvais traitements, sous prétexte qu'il aurait lancé un cocktail Molotov contre un commissariat de police. Il avait finalement été acquitté et libéré par un tribunal de la capitale.
Par ailleurs, le 17 avril, Matthew Takaona, président de la Zimbabwe Union of Journalists (ZUJ, syndicat des journalistes du Zimbabwe), a été frappé à coups de matraque et de crosse de fusil par six soldats, alors qu'il se trouvait dans un centre commercial à Chitungwiza, à 35 km de Harare. Ses effets personnels ont été volés.
Enfin, ces derniers jours, les relevés d'observation effectués par l'organisation indépendante Media Monitoring Project Zimbabwe (MMPZ) montrent une couverture toujours partisane de l'actualité par les médias publics. Son observation des programmes en prime-time, notamment, montrent que la Zimbabwe Broadcasting Corporation (ZBC) "a maintenu le silence sur les résultats de l'élection présidentielle et a même échoué à produire un quelconque programme sur le nouveau comptage des voix par la Commission électorale zimbabwéenne dans 23 circonscriptions (à part dans ses flashs d'information)". ("ZBC maintained its silence on the presidential election results and even failed to conduct any programmes focusing on the Zimbabwe Electoral Commission's recounting of votes in 23 constituencies (outside its news bulletins)").
Le MMPZ a également noté la rediffusion de deux chansons de soutien au parti présidentiel, la Zanu-PF, notamment par la chanteuse Elizabeth Chinouriri, portant un t-shirt à l'effigie de Robert Mugabe.
Publié le
Updated on
20.01.2016