Un journaliste freelance enlevé en Syrie par une faction armée de l’opposition
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Reporters sans frontières exprime sa vive inquiétude quant au sort du journaliste libanais Fidaa Itani, enlevé à un check-point entre la ville d’A’azaz et la frontière turque et demande sa libération immédiate. La nouvelle de son enlèvement a été confirmée par le frère du journaliste.
Un groupe se faisant appeler "Brigade de la tempête du nord à Aazaz" a revendiqué, ce 27 octobre 2012, son arrestation sur sa page Facebook. "Il s'est avéré, après une enquête, que le travail du journaliste Fidaa Itani n'est pas compatible avec la révolution (...), nous l'avons donc mis en résidence surveillée pour une courte période. Il sera libéré dès que le reste des données demandées à son sujet seront réunies", précise un communiqué posté sur cette page. Le texte, accompagné d'une photo du journaliste, ne précise pas la date ou le lieu exact de détention. "Ses reportages et ses vidéos ne prouvent pas son implication auprès de groupes hostiles à la révolution, mais son travail journalistique ne lui permet plus de rester dans les zones contrôlées par les révolutionnaires", précise le communiqué.
L’organisation exhorte les ravisseurs à libérer sans délai, ni condition, Fidaa Itani. Reporters sans frontières rappelle que le travail des journalistes n’est pas destiné à être “compatible” avec la vision des forces en présence.
"Fidaa devait rentrer à Beyrouth le 25 octobre. Ne le voyant pas revenir, j’ai essayé de l’appeler et de lui envoyer des SMS. N’ayant pas de réponse de sa part, j’ai pensé qu’il y avait un problème de communication, jusqu’à ce que la Brigade de la Tempête du nord publie ce communiqué ce matin. J’ai appelé un membre de la brigade qui a confirmé qu’ils avaient Fidaa, et qu’ils étaient en train de l’interroger. Je n’ai pas pu lui parler", a confié Hussam Itani, frère du journaliste, à Reporters sans frontières.
L’Agence nationale d’information (ANI) affirme quant à elle le journaliste a été placé en "résidence surveillée" et qu’il sera libéré "sous peu" par les opposants syriens.
Fidaa Itani, freelance pour la chaîne LBCI et d’autres chaînes de télévision, avait été en charge du dossier des salafistes pour le quotidien Al-Akhbar, avant de quitter le journal il y a quatre mois. Il avait enquêté sur l’enlèvement des onze pélerins chiites libanais en août dernier par la Brigade de la Tempête du Nord, et était alors entré en contact avec les ravisseurs.
Reporters sans frontières rappelle que quatre autres journalistes étrangers, victimes d’enlèvement, sont toujours aux mains de leurs ravisseurs en Syrie. La journaliste ukrainienne Ankhar Kochneva, qui collabore avec de nombreux médias russes, notamment comme interprète, a été enlevée le 9 octobre dernier par une faction de l’Armée syrienne libre. Deux journalistes de la chaîne américaine Al-Hurra, Cüneyt Ünal et Bashar Fahmi Al-Kadumi, ont disparu à Alep, le 20 août 2012. Un seul a donné signe de vie, à son corps défendant. En effet, le cameraman turc Cüneyt Ünal est apparu le 27 août 2012 sur une vidéo diffusée par la chaîne pro-gouvernementale syrienne Al-Ikhbariya, visiblement épuisé, des ecchymoses sous les yeux. Austin Tice, journaliste américain qui collabore avec le Washington Post, Al-Jazeera English et McClatchy, a disparu depuis le 13 août 2012, alors qu’il couvrait les événements dans la banlieue de Damas. Le 26 septembre 2012, une vidéo le montrant aux mains de Djihadistes a été postée sur Internet. Il s’agit de la seule preuve de vie depuis sa disparition, mais elle ne donne aucune indication sur le lieu actuel de sa détention, ni sur l’identité exacte de ses ravisseurs et la nature de leurs revendications.
Publié le
Updated on
20.01.2016