Un journaliste entre les mains de miliciens proches du gouvernement pendant trois jours

Reporters sans frontières dénonce le piège tendu à Abdullahi Yasin Jama, journaliste de la station privée Radio Warsan, par les milices du gouvernement fédéral de transition somalien à Baidoa (Sud-Ouest), le 24 novembre 2006. Arrêté alors qu'il avait été invité à une fausse conférence de presse, le journaliste a été retenu de force pendant pendant trois jours par les miliciens qui l'ont brutalisé. "Le sort réservé à Abdullahi Yasin Jama est indigne. Son arrestation et sa réduction à l'état de jouet entre les mains de miliciens est d'une grande lâcheté. Témoins d'une guerre faite de raids éclairs, de trahisons et de manipulation de l'information, les journalistes somaliens doivent être laissés en paix par les belligérants. La population a le droit de savoir ce qui se déroule dans son pays. De son côté, le gouvernement de transition ne peut pas clamer sa volonté d'instaurer la démocratie en Somalie et tolérer de tels comportements", a déclaré Reporters sans frontières. Le 24 novembre en début d'après-midi, Abdullahi Yasin Jama, qui est par ailleurs correspondant de la station privée Somali Broadcasting Corporation (SBC), basée à Bossasso (Nord), a été invité à une prétendue conférence de presse par l'appel téléphonique d'un responsable des services de sécurité. Une fois arrivé au palais présidentiel, il a été placé en état d'arrestation par des miliciens proches du gouvernement. Il a été retenu par la force dans l'enceinte de leur base, brutalisé et humilié régulièrement. Selon Omar Faruk Osman, secrétaire général de l'Union nationale des journalistes somaliens (National Union of Somali Journalists, NUSOJ), l'organisation partenaire de Reporters sans frontières, Abdullahi Yasin Jama a été arrêté pour avoir évoqué la "présence massive" de soldats éthiopiens en Somalie. La direction de la NUSOJ a tenté de convaincre le gouvernement de transition de relâcher ce journaliste, mais s'est heurtée à la mauvaise foi ou au refus de coopération des autorités, qui ont notamment affirmé n'être "pas au courant" de l'affaire. Le journaliste a finalement été libéré le 27 novembre dans la journée, après que les anciens de Baidoa sont intervenus en sa faveur. Il vit aujourd'hui sous la surveillance des milices, dans la peur d'éventuelles représailles.
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Updated on 20.01.2016