Un journaliste enlevé, retrouvé mort le lendemain ; deuxième assassinat en moins d’un mois
Organisation :
Reporters sans frontières condamne avec force l'assassinat de Humberto Millán Salazar, présentateur de Radio Formula et directeur du journal digital A-Discusión édité à Culiacán, dans l'Etat de Sinaloa (Nord-ouest).
Le corps du journaliste a été retrouvé tué d'une balle dans la tête dans la zone de Campo Morelia, à dix kilomètres au nord de la ville de Culiacán, le 25 août 2011 à dix heures du matin. Humberto Millán Salazar avait été enlevé en compagnie de son frère, le 24 août 2011. Ce dernier avait été libéré par les ravisseurs à la demande du journaliste. D’après le parquet de Sinaloa, des mesures de protection ont été instaurées pour garantir la sécurité de sa famille et de ses collègues.
Une commission d’enquête a été constituée par le procureur de justice de l’Etat de Sinaloa, Marco Antonio Higuera Gómez, en collaboration avec le parquet général de la République. Le parquet de Sinaloa a déclaré être "engagé à travailler pour l’élucidation de l’affaire" sans vouloir préciser les pistes privilégiées. Nous demandons aux autorités de ne pas écarter la piste professionnelle. Humberto Millán Salazar, connu pour ses critiques du gouvernement local, venait de publier, la veille de son enlèvement, un article sur la gestion des comptes du gouvernement de Coahuila dans le journal digital A-Discusión.
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25.08.2011 - Un journaliste porté disparu dans l’Etat de Sinaloa
Humberto Millán Salazar, directeur du journal en ligne A-Discusión et présentateur du programme “Sin Ambages” (sans ambages) pour Radio Formula, a été enlevé le 24 août 2011 à Culiacán, capitale de l’Etat de Sinaloa (nord-ouest).
“Nous demandons aux autorités fédérales de tout mettre en œuvre pour retrouver le journaliste. Son enlèvement porte à quatorze le nombre de journaliste disparus depuis 2003 dans le pays et intervient moins d’un mois après celui de Yolanda Ordaz de la Cruz, éditorialiste du quotidien régional Notiver, retrouvée morte 48 heures après son enlèvement dans l’Etat de Veracruz. Le Mexique se classe toujours au rang de pays le plus dangereux du continent pour les médias. Depuis le début de l’année 2010, cette vague de terreur a coûté la vie à dix-neuf professionnels des médias, dont huit en lien avéré avec la profession”, a déclaré Reporters sans frontières. “Les ‘mécanismes de protection’ à l’attention des journalistes, ratifiés sous l’égide du ministère fédéral de l’intérieur en novembre 2010, trouvent ici matière à s’appliquer. Nous rappelons que l’un des principaux cartels de la drogue du pays, le Cartel de Sinaloa, fait partie, depuis plusieurs années, de la liste annuelle des prédateurs de la liberté de presse de Reporters sans frontières”, a ajouté l’organisation
La voiture de Humberto Millán Salazar aurait été interceptée au nord de la ville de Culiacán, dans la zone Fraccionamiento Canaco, par un groupe d'hommes armés circulant à bord de deux véhicules, a déclaré la police de Sinaloa dans un communiqué officiel. José Alfredo Beltrán, président de l’association de journalistes “7 de Junio”, à laquelle appartient Humberto Millán Salazar, a confié à Reporters sans frontières que le journaliste aurait été enlevé en compagnie de son frère handicapé, libéré à la demande du journaliste.
Humberto Millán Salazar, âgé de 53 ans, exerce le journalisme depuis 30 ans. Il a collaboré avec la Radio UAS (de l’université autonome de Sinaloa) et les journaux El Debate et El Sol de Sinaloa. Connu pour ses fortes critiques envers le gouvernement local, le journaliste écrit sur l’actualité politique de la région.
Le parquet de Sinaloa a initié une enquête pour le délit de "privation illégale de liberté" et a sollicité la contribution du parquet général spécialisé dans les attaques contre la presse. Reporters sans frontières demande aux autorités que la piste professionnelle soit privilégiée lors de l’enquête et d’instaurer des mesures de protection pour sa famille, notamment pour son frère témoin oculaire des faits.
L’offensive fédérale contre le narcotrafic, engagée en décembre 2006 par le président Felipe Calderón, mobilisant 50 000 militaires, se solde, près de cinq ans plus tard par un bilan de plus de 50 000 morts dans tout le pays, dont plus de 15 000 pour la seule année 2010. Cette guerre qui ne dit pas son nom se double d’une bataille sanglante entre les cartels pour le contrôle du trafic de drogue, avec pour résultat une dégradation tragique des conditions de travail des journalistes, notamment au nord du pays, la zone géographique la plus exposée.
Reporters sans frontières continue de relayer la campagne des dessinateurs de presse "¡Basta de Sangre !" - “No + sangre”.
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Updated on
20.01.2016