Un journaliste enlevé et passé à tabac
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Reporters sans frontières condamne fermement l’agression de Seymour Khaziyev, correspondant du journal d’opposition Azadlig, dans des conditions particulièrement choquantes et s’inquiète du brusque regain de violence à l’encontre des journalistes.
Dans la nuit du 26 mars, alors qu’il rentrait chez lui à Jeyranbatan, aux environs de Bakou, le journaliste a été attaqué par 6 personnes masquées. Emmené en minibus dans un lieu inconnu, un sac sur la tête, il a été torturé pendant deux heures. Il a été relâché les mains liées à quelques kilomètres de là où il avait été capturé. Ses deux téléphones lui ont été confisqués et son ordinateur portable a été fouillé. Un des agresseurs lui a demandé d’être aussi «intelligent et tranquille que les autres ». Seymour Khaziyev, par ailleurs membre du parti d’opposition Front populaire, est un journaliste reconnu, notamment pour ses articles critiques de la politique gouvernementale.
Cette agression, la première contre un journaliste en Azerbaïdjan depuis 2008, est très inquiétante et témoigne d’un climat redevenu difficile pour les professionnels des médias. Lors d’une conférence de presse organisée samedi par l’Institut pour la liberté et la sécurité des reporters (Institut for Reporters Freedom and Safety), le rédacteur en chef de Azadlig, Ganimat Zahidov, a condamné la « barbarie et la sauvagerie » de l’agression. Le directeur de l’agence de presse Turan, Mehman Aliyev, a quant à lui lié l’événement avec la situation socio-politique du pays : « Quand une société se réveille, les journalistes sont les premiers visés ». En effet, depuis quelques semaines, les mouvements de jeunesse de l’opposition intensifient leurs actions, et les atteintes à la liberté de la presse s’accroissent au même rythme. Il y a deux semaines, l’organisation de manifestations pour la démocratie dans le pays avait donné lieu à de nombreuses arrestations ainsi qu'à des violences contre des activistes blogueurs et des journalistes. Le 18 mars, Fakhraddin Hajibeyli, qui travaille également pour Azadlig avait été agressé à Berlin dans des circonstances assez troublantes.
Reporters sans frontières appelle les autorités azerbaïdjanaises à mettre fin dès maintenant à cette recrudescence de la violence contre les journalistes. La relative amélioration intervenue l’an dernier, avec la libération de Adnan Hajizade et Emin Milli,semble n’avoir été qu’une brève accalmie. Alors que le Groupe de partenariat pour l’Azerbaïdjan rencontrera les parlementaires du Conseil de l’Europe mi-avril à Strasbourg, l’organisation reste vigilante et mobilisée pour mettre fin aux violations de la liberté d’expression dans ce pays.
Communiqué commun du Groupe de Partenariat sur l'Azerbaïdjan (en anglais):
Publié le
Updated on
20.01.2016