Un journaliste emprisonné pour une simple déclaration à l’antenne
Reporters sans frontières condamne fermement l’arrestation d’Ahmed Radhi, journaliste freelance et blogueur bahreïni, le 16 mai 2012, à Sanabis, à l’ouest de la capitale.
“Les autorités bahreïnies ont commis une grave atteinte à la liberté d’informer, renouant avec les pratiques adoptées depuis l’an dernier pour mater le mouvement de contestation qui agite le pays. Il semblerait que le seul crime commis par Ahmed Radhi est d’avoir exprimé son opinion. En l’absence d’accusations contre lui, nous appelons à sa libération immédiate et sans condition,” a déclaré Reporters sans frontières.
Le 16 mai 2012, vers 4 heures du matin, des membres des forces de sécurité, ont enfoncé la porte du domicile du journaliste et l’ont embarqué manu militari sans présenter aucun mandat d’arrêt. Les autorités n’ont officiellement déclaré aucun acte d'accusation à son encontre mais, selon les informations obtenues, il pourrait comparaître devant un juge dès demain.
La famille d’Ahmed Radhi pense que son arrestation serait due à des déclarations qu’il a récemment faites sur la radio BBC Arabic et sur la chaîne d’opposition Lulu TV, basée à Londres, critiquant le projet d’union entre le Bahreïn et l’Arabie saoudite. Le journaliste avait publié des extraits de son interview avec BBC Arabic sur Facebook.
Âgé de 35 ans, Ahmed Radhi a déjà eu de nombreux problèmes avec les autorités de son pays. D’après la Bahrein Press Association, il avait été emprisonné et torturé dans les années 1990, les mauvais traitements qu’il avait enduré lui ayant fait perdre une partie de ses capacités auditives. Au début des années 2000, il avait travaillé pour le quotidien local Al-Ayyam et la chaîne de télévision libanaise Al-Manar. Ce dernier employeur déplaisant fortement aux autorités, ses accréditions lui ont été retirées pendant deux ans. Désormais freelance, le journaliste écrit également un blog consacré au Bahreïn.
Reporter sans frontières rappelle que les exactions contre les journalistes sont très fréquentes au Bahreïn. Le roi Hamad Ben Aissa Al-Khalifa figure sur la liste des prédateurs de la liberté de la presse et, en 2011, l’organisation avait classé Manama parmi les dix lieux les plus dangereux pour les journalistes.