Un journaliste d'opposition séquestré et menacé par des militaires

Akper Hasanov, journaliste au Monitor, quotidien d'opposition, a été enlevé et séquestré pendant près de cinq heures par des militaires pour avoir écrit un article sur une unité de l'armée leur ayant visiblement déplu. Gardé au quartier général de Bakou, il a été contraint, sous la menace, de rédiger un démenti accusant son rédacteur en chef d'être à l'origine de l'article.

Akper Hasanov, de l'hebdomadaire d'opposition Monitor, a été kidnappé et séquestré pendant près de cinq heures le 2 février 2005 au quartier général militaire de Bakou. Des militaires en civil l'ont menacé et obligé à démentir par écrit un de ses articles publié dans Monitor le 29 janvier 2005. Celui-ci abordait les conditions de vie déplorables d'une unité militaire de la région de Geranboy. Reporters sans frontières « s'insurge contre ces méthodes grossières d'intimidation exercées par des employés de l'Etat à l'encontre d'un journaliste. Le fait que des fonctionnaires du ministère de la Défense puissent impunément enlever un journaliste d'opposition en plein jour dans les rues de Bakou est un indice très inquiétant de la dégradation de la situation de la liberté de la presse en Azerbaïdjan », a déclaré l'organisation dans une lettre adressée au ministre de la Défense. Elle réclame par ailleurs « l'ouverture d'une enquête indépendante afin que la lumière soit établie sur cette affaire ». Le matin du 2 février 2005, Akper Hasanov a été approché par un homme se présentant comme un enseignant, victime d'un licenciement abusif. Ce dernier lui a affirmé avoir des preuves de ses allégations et l'a invité à le suivre à Icheri Sheher (quartier général de l'armée) pour lui montrer des documents. Plusieurs personnes se sont alors saisies du journaliste et l'ont conduit au bureau du commandement militaire de Bakou où il est resté de midi à 16h 30. Ses ravisseurs l'ont sommé de déclarer par écrit que son article intitulé « Si la guerre éclatait demain », publié dans Monitor le 29 janvier 2005, était en fait signé Elmar Huseynov, rédacteur en chef du journal, déjà poursuivi par les autorités. Ils l'ont menacé de licencier son oncle qui travaille pour le ministère de la Défense et l'ont effrayé en déclarant connaître son numéro de téléphone et son adresse. Après de multiples pressions psychologiques, il a fini par rédiger un document reconnaissant que son rédacteur en chef était à l'origine de l'article. Les militaires ont saisi son dictaphone et écouté tous ses enregistrements. Ils ont ensuite appelé le ministère de la Défense en déclarant avoir accompli leur tâche. Elmar Huseynov, rédacteur en chef du Monitor, a déclaré que ces événements constituaient une violation brutale de la loi et de la liberté de la presse. D'après Huseynov, « c'est un signe évident de l'état déplorable de la liberté d'expression dans notre pays et de l'ignorance des exigences de la communauté internationale en ce qui concerne la liberté de la presse ». Le quotidien subit depuis octobre 2003 un acharnement judiciaire. Il a été condamné à de très fortes amendes après plusieurs poursuites pour diffamation intentées par des proches du pouvoir.
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Updated on 20.01.2016