Un journaliste de radio en ligne assassiné par un commando dans sa rédaction dans l'Etat de Chihuahua

L’assassinat de Norberto Miranda Madrid, responsable de la page Internet de la station en ligne Radio Visión, le 23 septembre 2009, porte à 55 le nombre de journalistes tués au Mexique depuis 2000, en lien avéré ou probable avec leur activité professionnelle. Cette tragédie survient alors que Reporters sans frontières s’apprête à rendre public, lundi 28 septembre, le rapport de sa dernière mission effectuée dans le pays du 4 au 12 juillet dernier. Ce document, intitulé “Les coulisses de l’impunité”, souligne la passivité, voire l’implication de certaines autorités dans la tragédie qui affecte aujourd’hui la presse mexicaine. L’offensive fédérale lancée contre le narcotrafic en décembre 2006 a fait plus 14 000 victimes. Cette situation renforce, hélas, la position du Mexique au rang de pays le plus dangereux du continent pour les professionnels des médias. “L’État de Chihuahua et Ciudad Juárez symbolisent une violence incontrôlable née à la fois de la guerre entre les cartels et de la réponse militaire tous azimuts qu’y apportent les autorités fédérales. Norberto Miranda a sans doute payé de sa vie de n’avoir pas cédé à l’autocensure en informant sur cette réalité-là. La main du cartel de Juárez est probablement derrière son assassinat. Tout en demandant que justice soit rendue dans cette affaire, nous exprimons notre circonspection en apprenant la probable nomination au poste de procureur général de la République (ministre fédéral de la Justice) d’Arturo Chávez Chávez, ancien procureur général de l’État de Chihuahua. Son bilan reste marqué par la totale impunité entourant les crimes en série contre les ouvrières de Ciudad Juárez”, a déclaré Reporters sans frontières. Dans la nuit du 23 septembre, d’après des sources judiciaires locales, trois individus dissimulés sous des capuches ont fait irruption dans la rédaction de Radio Visión à Nuevo Casas Grandes, à environ 200 kilomètres de Ciudad Juárez. Les assaillants ont demandé Norberto Miranda, lequel s’est identifié avant d’être aussitôt abattu de sang froid. Norberto Miranda Madrid, 44 ans, était connu pour ses articles d’opinion signés sous le pseudonyme d’”El Gallito” (“petit coq”). Sa chronique du 22 septembre (lire : http://www.radiovisioncasasgrandes.com/CotorrandoConElGallito.htm) faisait mention de l’assassinat de vingt-cinq personnes à Nuevo Casas Grandes depuis le début du mois, lors d’opérations de représailles attribuées au cartel de Juárez. Le 5 septembre, “El Gallito” avait relaté la capture, toujours à Nuevo Casas Grandes, de quatre lieutenants de “La Línea” (“la ligne”) - le bras armé du même cartel -, dont Rodolfo Escajada alias El Rikín, recherché par la DEA, l’administration anti-drogue des États-Unis. Reporters sans frontières rappelle à cet égard que si 80 % de la drogue transitant par le Mexique est acheminée aux États-Unis, la même proportion d’armes circulant sur le territoire mexicain provient des États-Unis. La tragédie mexicaine concerne les deux pays et c’est aussi pourquoi l’organisation tiendra, au moment de la publication de son rapport, le 28 septembre, une conférence de presse à Washington à 9 heures du matin (heure locale) et dont voici le lien : http://www.rsf.org/Press-conference.html L’assassinat de Norberto Miranda Madrid est intervenu au surlendemain de celui, à coups de couteau, du photographe indépendant Jaime Omar Gándara San Martín, également dans l’État de Chihuahua. Le mobile reste en l’occurrence à établir.