Fikret Huseynli, du quotidien Azadlig, a été enlevé, sauvagement agressé et laissé pour mort dans la soirée du 5 mars 2006, à Bakou. Reporters sans frontières déplore une détérioration constante et préoccupante de la liberté de presse dans le pays et demande au président Ilham Aliev de s'assurer qu'une enquête est ouverte afin d'identifier et de sanctionner les responsables de cette agression.
Alors que de nombreux Azerbaïdjanais viennent de célébrer la mémoire d'Elmar Husseynov, assassiné le 2 mars 2005, une nouvelle tragédie est venue s'abattre sur les journalistes de l'opposition. Fikret Huseynli, du quotidien Azadlig, a été enlevé, sauvagement agressé et laissé pour mort dans la soirée du 5 mars 2006, à Bakou.
«Nous sommes scandalisés par la violence de ces méthodes visant à intimider les journalistes de l'opposition. Ce n'est pas la première fos qu'une telle violence touche un journaliste en Azerbaïdjan et cette affaire illustre une détérioration constante et préoccupante de la liberté de presse dans le pays, un an après l'assassinat, toujours impuni, d'Elmar Husseynov. Nous demandons au président Ilham Aliev de s'assurer qu'une enquête est ouverte afin d'identifier et de sanctionner les responsables de cette agression», a déclaré Reporters sans frontières.
Alors qu'il se rendait dans le district de Badamdar pour y réaliser un reportage, Fikret Huseynli a été frappé dans le dos à plusieurs reprises, jusqu'à ce qu'il perde conscience. Lorsqu'il s'est réveillé, il se trouvait dans une voiture de marque Lada, en compagnie de trois hommes.
Ses ravisseurs l'ont alors conduit à la sortie de la ville, près d'un ancien terminal de bus et l'ont jeté dehors. Ils lui ont lié les mains et ont brisé ses doigts, avant que l'un des malfaiteurs ne le poignarde dans le cou. Fikret Huseynli s'est écroulé et ses agresseurs l'ont abandonné sur le bord de la route.
Le journaliste a repris connaissance quelques minutes plus tard. Il a pu appeler au secours et être transporté à l'hôpital.
Fikret Huseynli a été opéré mais reste dans un état très critique, en raison d'une perte de sang considérable. Il se trouve actuellement à son domicile, ses proches n'ayant pas souhaité le laisser à l'hôpital, de peur que la police ou les forces de sécurité ne viennent l'interroger dans la nuit. Il est très faible, ne peut ni boire ni manger, et ne peut se déplacer seul.
D'autres journalistes du quotidien Azadlig ont été auparavant victimes de pratiques similaires. Le 26 février 2005, Ganimat Zahidov et Azer Ahmedov, respectivement rédacteur en chef et directeur technique du quotidien avaient été enlevés à Bakou par des inconnus, menacés, passés à tabac, puis humiliés. Leurs geôliers leur avaient demandé de ne plus jamais publier d'articles critiques envers le président Ilham Aliev et de cesser d'évoquer les mutineries dans les prisons du pays.
Contacté par Reporters sans frontières, Azer Ahmedov est convaincu que l'agression de son collègue est liée à ses activités professionnelles et la rédaction soupçonne certains membres de l'autorités azerbaïdjanaise d'être les commanditaires de cette tentative d'assassinat.
Fikret Huseynli avait reçu des menaces téléphoniques le mois dernier. Des inconnus lui avaient demandé, à plusieurs reprises, d'arrêter d'écrire et de quitter le monde du journalisme. Le journaliste a rédigé de nombreux articles dénonçant la corruption parmi les hautes sphères de l'autorité azerbaïdjanaise et les activités criminelles de certains oligarques.