Un journaliste détenu pendant cinq jours par la gendarmerie d'Abidjan

Reporters sans frontières demande l'abandon des poursuites engagées contre Claude Dassé, journaliste du quotidien privé Soir Info, incarcéré pendant cinq jours à la brigade de recherches d'Abidjan, suite à une plainte du procureur de la République pour "outrage à magistrat" à son encontre. "En démocratie, la régulation des médias ne se fait pas à coups d'abus de pouvoir caractérisés. Qu'il ait été diffamé ou pas, le procureur de la République ne devrait pas avoir le pouvoir de faire incarcérer au secret un journaliste pour une affaire comme celle de Claude Dassé. Rien ne justifiait son maintien en détention, sinon la volonté de vengeance d'une haute personnalité de l'Etat. Pour la même raison, les poursuites engagées contre lui doivent être abandonnées", a déclaré l'organisation. Journaliste du service culture de Soir Info, Claude Dassé a été convoqué, le 25 janvier 2007, par le procureur de la République, Raymond Tchimou. Après avoir été entendu, il a été placé en détention pendant cinq jours à la brigade de recherches de la gendarmerie d'Abidjan, dans le quartier du Plateau, alors que la loi ivoirienne ne prévoit plus de peines de prison pour les délits de presse depuis 2004. Aucune visite n'était autorisée. Le journaliste a finalement été libéré le 29 janvier et reste inculpé d'"outrage à magistrat". Il est poursuivi pour une interview publiée le 24 janvier par le quotidien privé Le Rebond, dans laquelle il accusait le procureur de la République d'avoir été "corrompu" pour permettre à la chanteuse Pierrette Adam's de fuir la Côte d'Ivoire après avoir payé des hommes de main pour le passer à tabac, en 1997. "J'ai été maintenu en détention illégalement, avec des criminels, pour avoir égratigné une haute personnalité de l'Etat. On m'a contraint à présenter des excuses bidons, alors que je maintiens la totalité de mes propos. Cette histoire est regrettable pour la Côte d'Ivoire", a déclaré Claude Dassé par téléphone à Reporters sans frontières, peu après sa libération.