Un journaliste détenu au secret depuis plus d’un mois
Organisation :
Reporters sans frontières (RSF) se réjouit de la libération de Joseph Afandi qui a pu retrouver sa famille le 19 février dernier après deux mois de détention arbitraire par les services de sécurité sud soudanais. Retenu sans avoir eu accès à un avocat ni aucun contact avec sa famille, le journaliste de Al-Tabeer n’a jamais été notifié des charges qui lui avaient valu d’être incarcéré.
********************************************************************
Reporters sans frontières (RSF) demande la libération immédiate et sans condition de Joseph Afandi, journaliste sud-soudanais du quotidien Al-Tabeer, retenu sans aucune charge depuis le 28 décembre dernier.
Cela fait maintenant plus d’un mois que Joseph Afandi croupit dans une cellule des services de sécurité nationale (NSS) à Juba. Sa famille n’a toujours pas eu droit de lui parler, et s’inquiète pour son état de santé. Les conditions de détention au Soudan du Sud laissent craindre aux proches de Joseph Afandi que ce dernier ne soit malmené et brutalisé.
Depuis son arrestation au petit matin du 28 décembre dans les locaux de Al-Tabeer à Juba, le journaliste est retenu au siège du NSS, sans accès à un avocat. Aucune charge claire n’a été énoncée pour justifier cette détention arbitraire et l’intéressé n’a toujours pas comparu devant un juge. Joseph Afandi avait publié en décembre un article critique sur le parti au pouvoir, le Mouvement populaire de libération du Soudan, et dénoncé la passivité des autorités face à la guerre civile qui mine le pays depuis décembre 2013.
Après son arrestation, Al-Tabeer avait cessé ses publications et son rédacteur-en-chef, Wazir Michael, avait annoncé sa démission afin d’apaiser les services de sécurité. Al-Tabeer ne paraît que depuis décembre, en remplacement du précédent journal de Wazir Michael, Al-Rai, fermé par les autorités plus tôt dans l’année.
« Cette détention au secret viole le droit du journaliste à un procès équitable. Elle est totalement illégale au regard du droit international et des lois sud soudanaises, déclare Cléa Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique de RSF. Si le gouvernement n’est pas en mesure de préciser les charges contre le journaliste il faut qu’il soit libéré immédiatement.”
La situation au Soudan du Sud s’est gravement dégradée depuis le début du conflit en décembre 2013. Les autorités ont interdit tout traitement critique de leur action, ou toute interview des factions rebelles, alors même qu’un accord de paix a été signé. Les journalistes et les médias sont aujourd’hui les cibles de la répression gouvernementale. RSF avait déjà dénoncé les menaces proférées par le président Salva Kiir en août 2015 à l’encontre des journalistes ainsi que l’impunité qui règne dans le pays.
Le Soudan du Sud est 125ème sur 180 pays au Classement sur la liberté de la presse établi par RSF en 2015.
Photo: Joseph Afandi, http://www.jubatv.net/
Publié le
Updated on
08.03.2016