Un journaliste définitivement condamné à un an de prison avec sursis et à une lourde amende pour la publication d'une analyse politique
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La Haute Cour de la République rwandaise, la plus haute juridiction du pays, a confirmé, le 3 août 2006, la condamnation pour “outrage public” de Charles Kabonero, directeur de l'hebdomadaire indépendant Umuseso, à une peine d'un an de prison avec sursis et une amende d'un million de francs rwandais (environ 1450 euros) pour avoir publié une série d'articles d'analyse critique du fonctionnement du gouvernement, a appris Reporters sans frontières. Comme lors de l'examen de l'affaire en appel, les charges de “diffamation” et de “divisionnisme” n'ont pas été retenues.
“Ainsi, la justice reconnaît que Charles Kabonero n'a pas diffamé le vice-président du Parlement, Denis Polisi, ni commis le crime - gravissime au Rwanda - de ‘divisionnisme'. Pour autant, il a été condamné à une lourde peine pour avoir simplement questionné les ambitions politiques des plus hauts responsables de l'Etat et examiné les réseaux d'influence à l'œuvre au sein du gouvernement. Cela montre bien que le Rwanda, contrairement à ce que le gouvernement s'efforce de faire croire, est toujours un pays perclu de tabous. Lorsque l'on ne chante pas les louanges du pouvoir, la moindre audace éditoriale entraîne des conséquences éprouvantes”, a déclaré Reporters sans frontières.
En avril 2006, Charles Kabonero avait fait l'objet d'une violente campagne de calomnie, notamment dans le bimensuel Focus. Sur la base d'un faux courriel, le journal l'avait accusé d'avoir conspiré avec le lieutenant Abdul Ruzibiza, ex-officier des services spéciaux du Front patriotique rwandais (FPR, au pouvoir), aujourd'hui réfugié à l'étranger, dans l'intention de lancer une vague d'attentats à la bombe à Kigali et de faire tomber le pouvoir en place. Outre le fait que le courriel reproduit par Focus était un faux grossier, l'enquête menée par Reporters sans frontières a montré l'absence de tout fondement à ces affirmations.
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22.03.2005 - Une peine de prison avec sursis et une lourde amende pour avoir rédigé une analyse politique
Reporters sans frontières proteste contre le verdict disproportionné rendu par une cour d'appel de Kigali à l'encontre de Charles Kabonero, directeur de l'hebdomadaire indépendant Umuseso, condamné pour « atteinte à la dignité d'une haute autorité » à une peine de prison avec sursis et une lourde amende que le journaliste a peu de chances de pouvoir payer.
« L'entêtement du plaignant Denis Polisi, vice-président du Parlement, trouve un dénouement bien dérisoire, a déclaré Reporters sans frontières. La justice a reconnu qu'Umuseso n'était coupable ni de diffamation ni de divisionnisme. Mais elle a très lourdement condamné son directeur en vertu d'un chef d'accusation pour le moins léger. Nous appelons le président Paul Kagame à amnistier Charles Kabonero. De plus, il doit prendre des mesures politiques afin que le climat s'améliore pour la presse indépendante rwandaise, asphyxiée par des lois répressives et des hommes politiques trop procéduriers. »
Charles Kabonero a été condamné le 22 mars par le tribunal d'appel de la ville de Kigali à une peine d'un an de prison avec sursis pour « atteinte à la dignité d'une haute autorité », ainsi qu'à une amende de 1 million de francs rwandais (1382 euros) et au règlement de 55 000 francs rwandais de frais de justice (76 euros). Les chefs d'accusation de « divisionnisme » et de « diffamation » ont été rejetés.
Le directeur de publication d'Umuseso était poursuivi par Denis Polisi, vice-président du Parlement et secrétaire général du Front patriotique rwandais (FPR, au pouvoir) devant le tribunal du district de Nyarugenge (Kigali). Le plaignant se référait à un article paru dans le numéro 186 de l'hebdomadaire Umuseso du 1er au 7 août 2004, intitulé : « Entre Kagame (le président du Rwanda) et Polisi, qui gouverne réellement ? » L'article jaugeait, entre autres, le poids politique de Denis Polisi à la lumière de sa position de secrétaire général du parti au pouvoir et d'ancien membre de la diaspora tutsie réfugiée au Burundi. Charles Kabonero révélait également que Denis Polisi louait des bureaux à plusieurs institutions paraétatiques dans un immeuble de sa propriété.
Saisi par le ministre de l'Information le 18 août, le Haut Conseil de la presse (HCP) avait exigé de Charles Kabonero qu'il « reconnaisse ses fautes », publie un rectificatif et révèle ses sources. Devant le refus de l'équipe dirigeante d'Umuseso, le HCP avait recommandé, le 13 septembre, la suspension pour quatre mois de l'hebdomadaire. Estimant qu'il ne pouvait empiéter sur une procédure judiciaire, le ministre n'avait pas suivi cet avis. La justice rwandaise s'était alors saisie de l'affaire.
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20.01.2016