Un journaliste conduit en prison trois ans après sa condamnation

Reporters sans frontières exige la remise en liberté immédiate de Norbert Ngoua Mezui, fondateur et directeur de publication de l'hebdomadaire privé Nku'u Le Messager, et dénonce les manoeuvres ayant conduit à son arrestation. “La mise à l'ordre du jour, trois ans après les faits, d'une peine jamais purgée est une tentative claire de manipulation à l'encontre de Norbert Ngoua Mezui, intervenant au beau milieu d'une saga médiatique qui l'oppose aux journaux progouvernementaux. Reporters sans frontières est scandalisée par l'instrumentalisation de la police et de la justice à des fins politiques. Les poursuites judicaires contre le directeur de l'hebdomadaire Nku'u Le Messager auraient dû être abandonnées car l'action publique est légalement éteinte. Il est impératif qu'il soit remis en liberté immédiatement”, a déclaré Reporters sans frontières. Comparaissant le 18 octobre 2006 devant le procureur de la République après avoir passé la nuit dans une cellule de la Direction générale de la recherche de la gendarmerie nationale, Norbert Ngoua Mezui a été conduit directement en prison, afin de purger une peine de 21 jours d'emprisonnement. En 2003, il avait été condamné à cette peine, en première instance, pour “diffamation par voie de presse”, suite à une plainte du Trésorier payeur général. A l'époque, il avait rédigé un article dans le bimensuel privé Misamu indiquant que la Guinée équatoriale payait les salaires des fonctionnaires gabonais. Il avait fait appel de ce jugement, mais la justice n'ayant pas donné suite à son action, le journaliste n'a jamais purgé sa peine. Selon son avocat, Me Francis Nkéa, il ne peut légalement être poursuivi, le délai de prescription étant de trois ans. L'accusation aurait présenté des documents falsifiés afin de contourner la prescription. Cette affaire, exhumée dans l'édition du 13 octobre du quotidien progouvernemental Le Crocodile, s'inscrit dans le prolongement d'une querelle médiatique autour de la question de l'île Mbanié qui divise actuellement la presse gabonaise. Les quotidiens L'Union et Le Crocodile avaient lancé la controverse, en accusant certains ministres de corruption dans la vente supposée de cet îlot riche en pétrole au voisin équato-guinéen. Le journal de Norbert Ngoua Mezui avait pris parti pour le ministre de la Communication, mis en cause par ces journaux.
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Updated on 20.01.2016