Un journaliste condamné à deux ans de prison ferme

Reporters sans frontières demande la libération immédiate du journaliste Hassan Bourras, condamné pour diffamation à deux ans de prison ferme, et la levée de son interdiction d'exercer la profession pendant cinq ans. « Cette condamnation à une peine aussi lourde renvoie l'Algérie à des années en arrière. Cette affaire illustre, une fois encore, le pouvoir de la mafia locale qui cherche à étouffer toute révélation sur ses activités illégales. Hassan Bourras est la victime de ces potentats qui, loin d'Alger, se croient tout permis. Ce qui est également très grave dans cette affaire, c'est que ce verdict ne fasse même pas la une d'un quotidien national alors qu'il constitue la plus importante affaire de presse depuis l'époque des disparitions de journalistes », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. Hassan Bourras, correspondant à El Bayadh (ouest algérien) de plusieurs quotidiens, dont El Djazaïri (journal régional d'Oran) et El Youm (quotidien national), a été condamné par le tribunal d'El Bayadh, le 6 novembre, à deux ans de prison ferme et une interdiction d'exercer pendant cinq ans sa profession. Emprisonné depuis cette date, tout d'abord à la prison d'El Bayadh puis transféré aujourd'hui même à la prison de Saïda, le journaliste est en grève de la faim depuis plusieurs jours. Une plainte déposée par le procureur d'El Bayadh contre deux articles parus dans El Djazaïri sont à l'origine de cette sanction particulièrement sévère, la plus lourde depuis le début de la présidence Bouteflika. Dans l'un, le journaliste révélait que l'épouse du procureur local avait falsifié un document administratif pour se faire embaucher. Dans un autre, il révélait un trafic foncier à El Bayadh impliquant des notables. Hassan Bourras a en sa possession toutes les preuves sur ces deux affaires, ainsi que des témoignages venant confirmer ces révélations. Hassan Bourras est le correspondant à El Bayadh de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme, qui a constitué un collectif de dix avocats pour le défendre lors de son procès en appel, dont la date n'est pas encore fixée. En janvier 2003, Hassan Bourras avait déjà été condamné à six mois de prison avec sursis, suite à la plainte déposée contre lui par le bureau de Wilaya de l'Organisation Nationale des Moudjahidines, qui l'accusait d'avoir diffamé le fils du secrétaire de l'ONM. Il avait également été agressé en représailles quelques jours après cette condamnation.
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Updated on 20.01.2016