Le gouvernement a expulsé Julian King (photo), journaliste australien indépendant, alors qu'une cour de la capitale avait reconnu son innocence. Reporters sans frontières déplore cette première atteinte majeure à la liberté de la presse depuis l'indépendance du pays en 2002.
Le journaliste australien indépendant Julian King a été expulsé par le gouvernement du Timor Leste alors qu'une cour de Dili avait reconnu son innocence suite aux accusations de détention de munitions lancées contre lui par la police. Il s'agit de la première atteinte majeure à la liberté de la presse depuis l'indépendance du Timor Leste en 2002.
Reporters sans frontières proteste contre l'expulsion de ce journaliste dont le seul tort avéré est de déplaire au gouvernement de Mari Alkatiri. L'organisation regrette vivement que des dirigeants n'aient pas respecté la décision de la justice timoraise innocentant Julian King. Ce mépris de la justice n'est pas à l'honneur du premier gouvernement démocratique du pays. Reporters sans frontières a adressé une lettre au président de la République, Xanana Gusmao, pour lui demander d'intervenir afin que Julian King puisse revenir au Timor Leste.
Le 28 juin 2004, Julian King, journaliste indépendant et chercheur universitaire, a été expulsé du Timor Leste vers l'Australie sur ordre du ministère de l'Intérieur. La cour d'appel avait pourtant demandé la restitution du passeport du journaliste, refusé son placement en détention provisoire et affirmé que la police n'avait pas de preuves contre lui. Des autorités accusent Julian King d'activités "subversives". Arrivé à Darwin (nord de l'Australie) dans la soirée, Julian King a annoncé qu'il ferait appel devant la Cour suprême du Timor Leste. De son côté, son avocat timorais, Pedro de Oliveira, a dénoncé une décision qui ne repose sur aucune preuve de l'implication du journaliste. Il a déclaré à l'agence Associated Press : "Le gouvernement essaie de couvrir le fait qu'il a perdu cette affaire devant la justice. Le gouvernement se considère au-dessus des juges."
Les autorités de Dili ont pour l'instant refusé de confirmer l'expulsion de Julian King. Certains hauts responsables avaient lancé une véritable campagne de dénigrement à l'encontre du journaliste résidant au Timor Leste depuis près de cinq ans. Le Premier ministre, Mari Alkatiri, avait successivement accusé Julian King d'avoir participé à l'incendie de sa maison et de déstabiliser les institutions de l'Etat. Le journaliste australien a récemment porté plainte contre le chef du gouvernement. De son côté, le ministre des Affaires étrangères José Ramos-Horta avait accusé Reporters sans frontières d'être une organisation "raciste" pour avoir défendu Julian King.
Le gouvernement timorais a également tenté de mettre en doute la qualité de journaliste de Julian King. Pourtant, Reporters sans frontières a pu avoir confirmation auprès des directions des radios australiennes 2SERFM, 3CRFM et 4ZZZFM, et de l'agence de presse audiovisuelle australienne Television News Agency, que Julian King était bel et bien leur collaborateur au Timor Leste.
Julian King est l'un des rares journalistes étrangers à parler le tetun (langue officielle du Timor Leste) ce qui lui permet de suivre dans le détail la vie politique du pays. Il avait été arrêté, le 5 mai 2004, à proximité de son domicile de Dili. Des policiers, dont un ancien collaborateur de l'armée indonésienne, avaient placé des munitions dans sa chambre et confisqué de nombreux documents notamment sur la corruption et sur l'accord "Timor Gap" qui permet à l'Australie d'exploiter une part importante des réserves en gaz et en pétrole de la mer du Timor.