Un journaliste australien au coeur d’une machination politico-judiciaire
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Reporters sans frontières a appris avec soulagement la libération du journaliste australien Austin Mackell, le 13 février 2012, deux jours après son arrestation.
Le 11 février 2012, le journaliste avait été arrêté à Mahalla à 120 kilomètres au nord du Caire, en compagnie de sa traductrice, Aliya Alwi, d’un étudiant américain, Derek Ludovici, et d’un militant syndical, Kamal Al-Fayyoumi. Les deux étrangers ont immédiatement été placés en détention et reconduits au Caire à l’issue de leur libération, en attendant qu’une enquête plus approfondie soit menée. Cette décision serait intervenue après la visite du consul américain. Selon l’avocat du journaliste, Maître Sayed Fathi, son client ne risque plus d’être expulsé du territoire égyptien.
D’après nos informations, Austin Mackell couvrait un mouvement de grève, entamé à Mahalla le 11 février dernier, date du premier anniversaire du jour de départ de l’ancien président Hosni Mubarak. Les autorités l’accusent d’avoir “incité les gens à protester”, et d’avoir donné volontairement de l’argent aux ouvriers afin d’amplifier le mouvement de grève et les manifestations. Le journaliste s’intéresse tout particulièrement aux mouvements de grèves qui ont contribué et continuent encore aujourd’hui à fournir une base importante à la contestation populaire égyptienne. Ses articles et son blog, “The Moon under water”, qui relatent les évènements de la révolution en Egypte, gênent un pouvoir militaire qui n’a toujours pas passé le relais aux forces politiques nouvellement élues.
Jess Hills, correspondante au Moyen-Orient pour Global Mail témoigne des circonstances de l’arrestation du journaliste australien. Elle confirme la nervosité des autorités égyptiennes vis à vis des mouvements de grèves déclenchés il y a un an. Le pouvoir militaire, qui assure la transition depuis la chute de l’ancien raïs, redoute les effets de contagion de ces mouvements, alors que la colère monte dans les rues. Ceci accrédite la thèse selon laquelle, le journaliste aurait été la cible d’une machination des autorités, soucieuses de prévenir toute couverture de la gronde populaire.
Bien que le journaliste ait été libéré, Reporters sans frontières dénonce cette arrestation. L’organisation condamne cette machination qui constitue une entrave à la liberté d’informer et rappelle que l’Egypte a baissé de 39 places dans le classement mondial 2011-2012 de la liberté de la presse, figurant désormais au 166ème rang.
Publié le
Updated on
20.01.2016