Un journaliste assassiné : la liberté d’informer à la merci du crime organisé et des tensions politiques
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La Journée du journaliste commémorée chaque 26 avril au Paraguay est placée sous le signe du deuil. Un attentat a coûté la vie, le 24 avril 2013, à Carlos Artaza, 45 ans, photographe de métier employé au service de presse du gouvernement départemental d’Amambay, frontalier du Brésil. Cet assassinat survient dans un lourd climat pour les journalistes, où les tensions politiques locales s’ajoutent à la menace permanente des cartels de la drogue.
“Les journalistes d’Amambay ont déjà perdu l’un des leurs en 2013, en la personne du directeur et propriétaire de radio Marcelino Vázquez, dont l’assassinat n’a toujours pas été élucidé. La date du 26 avril choisie en hommage à la profession rappelle la cruelle impunité entourant la mort de Santiago Leguizamón, directeur de radio tué ce même jour, en 1991. Cette nouvelle tragédie appelle une enquête approfondie et, au-delà, une véritable rupture avec le règne criminel”, a déclaré Reporters sans frontières.
“L’ambiance observée ces derniers jours à Amambay traduit à l’extrême une situation de plus en plus inquiétante, au plan national, pour la sécurité des journalistes et la liberté de l’information. Menaces et intimidations ont émaillé la campagne des élections générales du 21 avril dernier, elle-même marquée par une série de révélations sur les connexions présumées entre certains hommes politiques et le crime organisé, dont le vainqueur de la présidentielle Horacio Cartes. Le maintien de l’État de droit, déjà fragilisé, dépend aussi du sort des journalistes”, a ajouté l’organisation.
Carlos Artaza a été atteint de cinq balles, au volant de sa voiture, par deux inconnus circulant à moto dans la nuit du 24 avril. Il a succombé le lendemain matin lors de son transfert en ambulance vers Asunción. Le photographe revenait d’une manifestation fêtant la victoire électorale du député Pedro González au poste de gouverneur d’Amambay. Une campagne très offensive a opposé ce dernier au sénateur Roberto Acevedo, issu comme lui du Parti libéral radical authentique (PLRA, droite libérale). “Carlos Artaza avait rendu compte sur les réseaux sociaux de cet affrontement, ce qui lui a peut-être coûté la vie”, a confié à Reporters sans frontières le correspondant d’un média national.
Quelques jours avant le scrutin du 21 avril, le journaliste Anibal Gómez Caballero avait reçu sur son portable des messages de menaces au moment où il conduisait un débat entre les candidats à l’antenne de la chaîne câblée Gosi Telenorte. “Si nous avons tué Santiago Leguizamón, ce sera encore plus facile avec toi à l’aide d’une bombe”, était-il écrit en espagnol et en guarani.
Correspondant du quotidien national ABC Color à Pedro Juan Caballero, la capitale d’Amambay, Candido Figueredo a été, lui aussi, la cible de menaces de mort adressées sur son portable aussitôt après avoir rendu compte de l’attentat contre Carlos Artaza. “Tu seras le prochain”, a-t-il été averti. Déjà sous protection, le journaliste a confié à Reporters sans frontières bénéficier d’une escorte renforcée de quatre policiers.
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20.01.2016