Un journaliste arrêté par les troupes gouvernementales dans un contexte d'hostilité croissante envers certaines radios

Reporters sans frontières demande au gouvernement fédéral de transition de fournir des explications sur la détention de Hassan Sade Dhaqane, journaliste de la radio privée Horn Afrik, arrêté le 9 mars 2007 dans le quartier KM 4 à Mogadiscio. Cette arrestation intervient alors que l'organisation a recensé ces derniers jours plusieurs cas de brutalités contre des journalistes somaliens de la part des forces gouvernementales, manifestant une hostilité croissante envers certains médias de la capitale. "S'il n'existe aucune charge criminelle sérieuse pour maintenir Hassan Sade Dhaqane en détention, celui-ci doit être libéré sans délai. Ce journaliste semble payer, par son arrestation, la volonté des forces gouvernementales de punir un média perçu comme hostile. Ce climat de défiance est inquiétant, d'autant que les soldats gouvernementaux, peu ou mal formés au maintien de l'ordre, continuent parfois de se comporter comme des miliciens. Des ordres doivent être donnés pour que les journalistes soient respectés lorsqu'ils exercent leur métier, en dépit des rivalités politiques", a déclaré l'organisation. Hassan Sade Dhaqane a été arrêté par les troupes gouvernementales, en compagnie de plusieurs badauds, dans le quartier KM 4, alors qu'il couvrait en direct une opération de déminage qui avait attiré de nombreux curieux. Le gouvernement a confirmé l'arrestation auprès de l'organisation partenaire de Reporters sans frontières en Somalie, l'Union nationale des journalistes somaliens (NUSOJ), mais a refusé de dire où le reporter de Horn Afrik était détenu. Officiellement, aucune charge n'a été retenue contre lui. Le 12 mars, trois journalistes de la station privée Radio Shabelle ont été brutalisés par des soldats somaliens devant l'entrée de l'ancien ministère de la Défense qui sert de quartier général aux troupes éthiopiennes encore présentes à Mogadiscio. Ismail Ali Abdi, Mohammed Ibrahim Raggeh et Mohammed Ibrahim Ali, dit "Ruush", s'étaient rendus sur les lieux pour vérifier si les troupes éthiopiennes avaient bel et bien quitté le bâtiment, comme une information non confirmée le laissait entendre. Ils ont été frappés à coups de bâton et de poing par des gardes somaliens, jusqu'à ce qu'un officier éthiopien intervienne, vérifie leur identité et les laissent repartir. La veille, Abdirahman Yusuf, dit "Al-Adala", journaliste de la station privée Radio Shabelle, avait été frappé à coups de pierre par des soldats gouvernementaux, à El-Irfeed, une banlieue nord-est de la capitale, alors qu'il était en reportage. Radio Shabelle, Horn Afrik et d'autres médias locaux ou internationaux, dont la chaîne de télévision privée qatarie Al-Jazira, sont perçus par le gouvernement comme des médias ayant ouvertement soutenu l'Union des tribunaux islamiques, chassée du pouvoir en décembre 2006. Le 15 janvier 2007, le gouvernement avait suspendu pendant vingt-quatre heures trois radios somaliennes et Al-Jazira, après que ces chaînes avaient diffusé des informations fausses sur la situation sécuritaire à Mogadiscio.
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Updated on 20.01.2016